«Il est revenu à la charge pour essayer de le tuer»
Terrorisme Les policiers attaqués par Farid Ikken ont témoigné devant la cour d’assises spéciale
Physiquement, Mehdi ne garde aucune séquelle de ce coup de marteau porté à la tête, ce 6 juin 2017. Mais, devant la cour d’assises spéciale de Paris, mardi, le jeune policier confie que sa reconstruction psychologique est difficile : « Il y a toujours, dans un coin de ma tête, cette idée qu’un lâche peut me donner un coup dans le dos. » Dans le box des accusés, Farid Ikken, qui comparaît pour tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste, l’écoute, inexpressif.
« Tout s’est joué en une fraction de seconde», se remémore la victime. Les trois policiers patrouillent sur le parvis de Notre-Dame depuis deux heures lorsque l’assaillant se jette sur eux. De dos, Mehdi a le temps de se recroqueviller, alerté par le hurlement de sa collègue, avant de sentir quelque chose « de lourd et de froid » l’atteindre derrière l’oreille. Ce n’est qu’une fois au sol, en entendant son agresseur crier « C’est pour la Syrie ! », qu’il comprend la nature de l’attaque. Alors que Farid Ikken menace de le frapper à nouveau, un autre collègue riposte, touchant le terroriste au thorax. « S’il ne tirait pas, je prenais le second coup en pleine tête», estime-t-il. Blessé, l’assaillant continue d’avancer. «Il est revenu à la charge pour essayer de le tuer, il n’y a pas d’autre mot », insiste son collègue, entendu en visioconférence. Mehdi parvient à se relever et tire, déstabilisant cette fois pour de bon son agresseur.
Cauchemars et flash-back
Les trois policiers confient encore vivre dans un état « d’hypervigilance », marqué par des cauchemars et des flashback. Seule l’une d’entre eux est restée travailler à Paris. Mehdi, lui, a repris le travail sur le terrain il y a une quinzaine de jours, après deux ans passés dans un service d’investigation, loin de sa vocation initiale : « J’essaie tout doucement de ressortir, de reprendre le cours de ma carrière. » Farid Ikken encourt la réclusion criminelle à perpétuité.