20 Minutes (Paris)

L’interprète égyptienne Fatma Saïd «porte un message unificateu­r entre les cultures »

L’interprète lyrique égyptienne Fatma Saïd sort son premier album, «El Nour», avec des airs de compositeu­rs français, espagnols, arabes...

- Propos recueillis par Benjamin Chapon

De prometteus­e cantatrice, formée à la Scala de Milan et passée sur les plus prestigieu­ses scènes européenne­s*, Fatma Saïd est désormais un cas à part. Son timbre et sa voix uniques ont fait d’elle l’une des interprète­s lyriques les plus suivies. Mais, à 29 ans, la chanteuse égyptienne choisit de faire un pas de côté avec son premier album, El Nour. Elle y interprète des airs populaires arabes, des pièces de Bizet, Ravel et Berlioz, mais aussi des chansons andalouses.

Merci de parler français…

C’était un rêve pour moi de parler français un jour. En Egypte, nous ne sommes pas restés francophon­es, mais le lien avec la langue française est encore très fort. Les Français n’utilisent pas leurs lèvres pour parler, c’est très délicat. Moi, en tant qu’Egyptienne, je parle en utilisant toute ma bouche !

Est-ce utile de savoir parler la langue dans laquelle on chante ?

Bien sûr, ça aide énormément. Dans la musique de chambre, par exemple, la poésie est primordial­e. La poésie de la langue française m’apporte tellement de joie.

Vous avez été la première chanteuse égyptienne à entrer à la Scala de Milan. Pourquoi est-ce arrivé si tard ?

Il y a beaucoup de grandes chanteuses de pop égyptienne­s qui chantent en arabe, bien sûr. Vous connaissez sûrement Oum Kalsoum. C’est LA chanteuse du monde arabe. Mais le chant lyrique, d’opéra, est loin de la culture égyptienne, surtout maintenant. Aïda, de Verdi, a été créé à l’opéra du Caire à une époque où cette culture était présente en Egypte.

Voudriez-vous changer cette situation en Egypte ? Avoir un rôle ?

J’espère. J’ai dû quitter mon pays très jeune pour aller faire des études de chant. Je pense que mon parcours peut montrer à la société égyptienne, surtout à certains parents, que l’on peut aller faire des études à l’étranger, non pas pour être ingénieur ou physicien ou médecin, mais pour faire de la musique.

Votre album porte un message politique…

Oui, je porte un message unificateu­r entre les cultures. Je souhaite que la musique arabe soit plus accessible au monde occidental.

La musique peut être universell­e. Mais pour le chant ?

La voix est un instrument très délicat. Les variations me viennent naturellem­ent dans la musique andalouse, par exemple. Mais c’est la même chose chez Ravel et Bizet, parce qu’ils ont utilisé des harmonies arabes. Le chant nous relie les uns aux autres.

Les chefs d’orchestre avec lesquels vous travaillez connaissen­t-ils la musique arabe ?

Non. Mais la plupart sont ouverts à l’idée de la découvrir. * En concert jeudi avec l’Orchestre national de France à la Maison de la radio, à Paris.

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La chanteuse de 29 ans est passée sur des scènes européenne­s prestigieu­ses.

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