20 Minutes (Paris)

Julian Alaphilipp­e à la table du Ronde

Le champion du monde va se frotter au Tour des Flandres pour la première fois de sa carrière. Mais peut-il le gagner?

- Bertrand Volpilhac

Dimanche, Julian Alaphilipp­e, tout récent champion du monde, va s’aligner pour la première fois de sa carrière sur le terrible Tour des Flandres, sans qu’on sache trop dire s’il pourra l’emporter. Car il faut remonter à 1982 et le Belge René Martens pour trouver trace d’un bizuth vainqueur sur la classique belge. Tom Boonen et Fabian Cancellara, six victoires à eux deux dans l’ère moderne, y ont fait de la figuration trois éditions avant de jouer les premiers rôles. A l’inverse, récemment, Benoot (5e en 2015) et Asgreen (2e l’an en 2019) avaient été proche de la gagne pour leur première. Oui, mais eux avaient saigné les monts flandriens un paquet de fois avant de passer pros. Malgré sa formation chez QuickStep, Alaphilipp­e n’a jamais vraiment goûté au Paterberg, au Taaienberg ou au Vieux Quaremont. Tout juste a-t-il réalisé deux reconnaiss­ances cette semaine. Suffisant pour espérer quoi que ce soit? «Spontanéme­nt, j’aurais tendance à dire non, répond Anthony Geslin, huit Tour des Flandres au compteur entre 2005 et 2012. C’est une course qui est tellement spécifique, tellement dure physiqueme­nt, que si on ne l’a pas pratiquée plusieurs fois et qu’on n’est pas préparé psychologi­quement, elle est compliquée à appréhende­r. Il y a des pavés, des monts, des monts en pavés, du vent, de la pluie…»

«C’est ce qu’il aime»

Récent vainqueur de la Flèche brabançonn­e, dont les montées ressemblen­t un peu à celles du Ronde, meilleur puncheur du monde et dans une grande forme, Julian Alaphilipp­e a néanmoins sur le papier toutes les qualités pour briller sur ce genre de courses. «Physiqueme­nt, il est très fort et la longue distance n’est pas un problème pour lui, décrit Anthony Geslin. Il est super résistant au lactique et il peut être à bloc sur des efforts de deux ou trois minutes qui correspond­ent aux difficulté­s du Ronde. Dès que ça monte, il pourra faire la différence. Avec une petite spécificit­é : dans le final, les monts s’enchaînent et, avec les pavés, on ne peut pas les monter en injection en danseuse, comme il a l’habitude de le faire sur l’asphalte. »

C’est pour ça que si l’ancien coureur de la FDJ imagine sans problème Alaphilipp­e être dans le coup en fin de course, il ne voit pas trop comment il pourrait lâcher à la pédale les spécialist­es comme Van Aert ou Van der Poel, au profil plus puissant que lui. Mais, pour le reste, pas d’inquiétude. Franck Alaphilipp­e, son cousin et entraîneur, confiait récemment à Eurosport bien sentir l’affaire : «Dans les Flandres, il y a du mouvement, il faut se placer, c’est nerveux. C’est pour lui, c’est ce qu’il aime.» Et surtout, si Alaphilipp­e peut souffrir de son inexpérien­ce, son équipe, elle, est la meilleure sur ce genre de courses. «Il va être épaulé par des coureurs qui connaissen­t toutes les routes comme le fond de leur poche, conclue Anthony Geslin. Ils vont prendre le manche et le protéger toute la course. »

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Le maillot arc-en-ciel français s’est récemment adjugé la Flèche brabançonn­e.

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