20 Minutes (Paris)

«Ce sont les jeunes qui ont le plus à perdre»

Le démographe François Michelot explique en quoi le couvre-feu peut être mal vécu

- Propos recueillis par Caroline Politi

Le couvre-feu mis en place de 21 h à 6 h depuis samedi en Ile-de-France et dans huit métropoles, afin d’endiguer la seconde vague de Covid-19, rappelle de mauvais souvenirs à certains. Selon une étude récente de l’institut Paris-Région, 17 % des Francilien­s déclarent avoir mal vécu le confinemen­t. François Michelot, démographe à l’origine de l’étude, analyse les raisons de ce mal-être.

Y a-t-il un élément déterminan­t qui a fait que certains ont moins bien vécu le confinemen­t que d’autres ?

Le Covid-19 a exacerbé les inégalités. L’étude a, par exemple, montré que les femmes ont moins bien vécu cette période que les hommes (18 % contre 15 %).

Le manque d’espace a-t-il été un facteur important dans la manière d’appréhende­r cette période ?

L’habitat a joué un rôle déterminan­t dans la perception de cette période. La moitié des Francilien­s qui ont mal vécu le confinemen­t vivaient dans un logement où chaque personne disposait de moins de 25 m².

Comment le couvre-feu est-il perçu, selon vous, parmi ceux qui ont mal vécu le confinemen­t ?

Les règles sont bien plus souples que pendant le confinemen­t. Néanmoins, le sentiment d’insécurité, d’un point de vue économique et social, est encore très présent. Ces nouvelles annonces peuvent être perçues comme anxiogènes.

Le couvre-feu touche particuliè­rement les jeunes, qui ont généraleme­nt une vie sociale et festive plus dense…

Ce sont eux qui ont le plus à perdre. Ce sont les plus précaires. L’entrée dans le marché du travail, déjà très compliquée, l’est encore plus. Et maintenant, on restreint fortement leur vie sociale. Lorsqu’on a interrogé les étudiants après le confinemen­t, 23 % d’entre eux ont indiqué avoir mal vécu ce moment, c’est 6 points de plus que la moyenne.

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Le confinemen­t a déjà mal été perçu par 17% des Francilien­s.

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