20 Minutes (Paris)

Le compostage de couches pour bébé, et si ça marchait?

Une start-up expériment­e le compostage de couches pour bébé

- Paul-Guillaume Ipo, avec Clément Giuliano

Le taux de matière organique contenu dans une couche pour bébé traditionn­elle après usage est de 75 %. C’est cette matière que la start-up parisienne Les Alchimiste­s veut valoriser pour faire du compostage des couches une « évidence ».

«L’objectif est de créer une nouvelle filière d’économie circulaire. » Maïwenn Mollet, responsabl­e du projet

Entre octobre 2019 et juillet, l’entreprise a récolté, dans le cadre d’un appel à projets lancé par la direction de la petite enfance de la Ville de Paris et avec le soutien de l’Ademe, quelque 28 000 protection­s usagées auprès de cinq crèches du nord-est de la capitale. Soit «quatre tonnes de couches détournées de l’incinérati­on », souligne Maïwenn Mollet, responsabl­e du projet des «Couches fertiles». Les protection­s recueillie­s étaient acheminées vers L’Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où la matière organique était broyée et séparée du plastique, avant d’être mélangée à du broyat de bois et des déchets alimentair­es. « Les conclusion­s confirment que la couche est bien un déchet compostabl­e, mais aussi qu’elle doit être “écoconçue” pour produire un compost de bonne qualité», poursuit Maïwenn Mollet.

Cet essai conduit Les Alchimiste­s à passer à une nouvelle phase de leur expériment­ation cet automne. Celle-ci, d’une durée de dix-huit mois, porte sur le traitement de couches 100% compostabl­es, conçues avec deux fabricants. «Nous conseiller­ons les deux industriel­s partenaire­s sur la façon de rendre leurs produits compostabl­es et sur leur conformité aux normes européenne­s. Nous les accompagne­rons jusqu’à la mise sur le marché», indique la responsabl­e des Alchimiste­s. Plus largement, « l’objectif est de créer une nouvelle filière d’économie circulaire, qui part d’un déchet pour finir avec un produit ». La start-up pourrait ainsi, à terme, fournir une prestation de collecte de couches compostabl­es auprès des municipali­tés, puis vendre le compost produit.

«Récupérati­on à domicile»

Les profession­nels sont la cible principale des Alchimiste­s, mais Maïwenn Mollet estime qu’il faudra se diriger vers les foyers, qui représente­nt le gros de la consommati­on. La start-up estime que 3,5 milliards de couches pour bébé sont achetées et jetées chaque année : «Nous avons de nombreuses idées à expériment­er. On peut par exemple imaginer des bornes où chacun déposerait ses couches usagées, ou la récupérati­on à domicile. » Pour l’heure, il faudra démontrer la qualité de ce compost pour les sols, et attendre que la réglementa­tion permette sa commercial­isation.

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Après une première année de tests, le projet se poursuit cet automne.

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