20 Minutes (Paris)

«Je ne veux pas que vous jugiez le mauvais homme!»

Devant la cour, Miguel Martinez a reconnu jeudi sa participat­ion à un trafic d’armes

- Hélène Sergent

« Ça fait longtemps que j’attends pour pouvoir m’expliquer», souffle Miguel Martinez derrière la vitre de son box. Placé en détention depuis avril 2017, l’Ardennais a – comme les dix autres accusés présents au procès des attentats de janvier 2015 – longtemps nié toute implicatio­n dans ce dossier. Jeudi, il a décidé de « reconnaîtr­e ses torts ». Renvoyé devant la cour d’assises spéciale de Paris, Miguel Martinez encourt une peine de vingt ans de prison.

«J’étais au courant»

L’accusé a refait le film des mois qui ont précédé les attaques contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. En 2014, il s’associe avec un autre Ardennais, Abdelaziz Abbad, lui aussi renvoyé dans ce dossier. Les deux hommes montent un garage de réparation de pneus. Mais à l’été de cette même année, Abbad est impliqué dans une affaire de meurtre. «Beaucoup de gens lui en voulaient, explique Martinez. (…) Je laisse pas un ami dans la galère.» Alors, quand Abbad demande à son associé de prendre attache avec un garagiste belge, l’accusé ne pose pas de questions. « Donc on commence à parler de business – illégal, bien sûr – de stupéfiant­s, d’armes aussi», lâche Miguel Martinez. Après plusieurs rendez-vous, Metin Karasular, lui aussi accusé au procès, le met en contact avec un certain «Ali». C’est Ali Riza Polat, seul accusé jugé pour complicité des crimes de Coulibaly et des Kouachi. C’est un autre Belge qui rapporte à Miguel Martinez un sac contenant plusieurs calibres. «J’étais au courant de ce qu’il y avait dans le sac. » Mais la piètre qualité des armes pousse Abbad à s’en débarrasse­r. Pourquoi Martinez n’a-t-il pas livré ces explicatio­ns dès sa première garde à vue en 2016 ? « Depuis très peu de temps, j’ai compris, mais c’est dur de reconnaîtr­e ses torts, vous savez », se justifie l’ancien garagiste avant d’implorer : « Je veux pas que vous jugiez le mauvais homme ! Je veux être jugé pour ce que j’ai fait et par pour ce que j’ai pas fait ! »

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L’accusé encourt une peine de vingt ans de prison.

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