Une vie au pas de course
Les Franciliens se plient non sans mal aux nouvelles règles de déplacement
« Notre quotidien se résume juste au travail », se désole Mélanie. « Pour moi, c’est métro, boulot, dodo », déplore également Coralie. Depuis samedi, la France applique un couvrefeu généralisé « pour au moins quinze jours », a annoncé le Premier ministre, Jean Castex. La règle est claire : c’est 18 h à la maison, partout et pour tout le monde. Y compris pour les 12 millions de Franciliens et de Franciliennes, qui s’y plient tant bien que mal. «Nous n’adaptons pas notre vie, on ne la vit tout simplement plus», juge ainsi Yoan, qui a répondu à notre appel à témoignages.
Pour beaucoup, pas d’autre choix que d’effectuer les courses sur ses jours de repos, dans « la foule » et la « cohue ». « Travaillant de 9 h 15 à 19 h 15 du lundi au vendredi et ce, sans pause le midi, si on ajoute les trois heures de transports pour faire l’aller-retour, je n’ai pas d’autre choix que celui de faire mes courses le week-end », calcule Laurie. « J’ai 26 ans et j’habite seule, je travaille du lundi au vendredi, expose Tania. Le seul créneau possible pour des rendez-vous ou pour faire mes courses tout en évitant l’affluence du samedi est le vendredi, entre 17 h et 18 h. » Et de trancher : « Je n’ai clairement plus de vie depuis le début de ce couvrefeu, et la solitude commence à se faire ressentir… »
Ouvrir et se lever plus tôt
Les commerces s’adaptent aussi. Beaucoup ferment habituellement durant l’heure de midi, mais pourraient regagner une heure d’activité en restant ouverts à ce moment-là. « Certains ont commencé à ouvrir une heure plus tôt » le matin pour compenser, a estimé dimanche le ministre des Petites et Moyennes Entreprises (PME), Alain Griset.
Du côté des loisirs, c’est également très limité. Face aux contrôles de police, les soirées « pyjamas » deviennent la règle pour certains. «Marre du couvre-feu et des confinements, on continue d’inviter les copains, mais plus tôt, lance Mathieu. Du coup, on est obligés de tenir toute la soirée jusqu’au petit matin. » D’ailleurs, d’autres misent sur cette période de la journée : « Je suis maintenant obligé de me lever tôt pour aller courir, soupire Bruno. Mais c’est un calvaire, surtout en hiver.»