Une affaire de corruption flotte sur la Goutte-d’Or
Six policiers seront jugés mercredi, dont Karim M., soupçonné d’avoir organisé un racket de dealeurs
Pendant quinze ans, Karim M. a accumulé les lettres de félicitations. Quatorze au total, dans lesquelles le travail de ce policier, en poste depuis 2003 dans le quartier de la Goutte-d’Or (18e), est encensé. Un détail aurait-il pu mettre la puce à l’oreille de ses supérieurs ? Toutes ses « belles » affaires sont liées au trafic de stupéfiants.
Un système d’«assurance»
L’homme de 47 ans est jugé à partir de mercredi pour corruption passive, trafic de stupéfiants, faux en écriture publique, blanchiment… Il est soupçonné d’avoir mis en place un système de racket des dealeurs du quartier, en promettant notamment la protection de ceux qui s’acquittaient d’une «assurance». A ses côtés sur le banc des prévenus, cinq de ses collègues, et deux hommes soupçonnés d’avoir été ses complices.
L’affaire remonte à 2018, lorsqu’un policier décide de faire part à sa hiérarchie de ses soupçons : ses collègues de la BAC auraient subtilisé de la cocaïne au cours d’une interpellation. Entendu par l’IGPN, il décrit un vaste système de corruption, dont l’instigateur serait Karim M., surnommé « Bylka », le Kabyle en verlan. Mais dans ce genre d’affaires, les investigations sont fastidieuses, car même les victimes ont beaucoup à perdre.
« Sa hiérarchie le savait pertinemment, mais fermait les yeux puisqu’il faisait de belles affaires », insiste son avocat, Me Patrick Maisonneuve. Karim M. encourt dix ans de détention et 1 million d’euros d’amende.