20 Minutes (Paris)

«J’avais jamais fait de business avec un policier»

Huit agents, dont six de la BAC du 18e, sont jugés dans une affaire de corruption

- Caroline Politi

A quel moment faut-il s’étonner des coïncidenc­es ? En avril 2017, Ibrahim A. et Nazim B. ont été interpellé­s à deux jours d’intervalle à Paris (18e). Les deux hommes ont été contrôlés pour un délit routier qui a débouché sur la découverte d’un pochon de cocaïne. Tous deux affirment que la drogue a été placée dans leur véhicule par le brigadier Karim M. Autre point commun, ils étaient en « affaires » avec Ahmad M., une figure de la Goutte-d’Or et indic privilégié dudit policier.

Depuis mercredi et jusqu’au 12 février, huit personnes, dont six policiers de la BAC du 18e arrondisse­ment, sont jugées dans cette affaire de corruption. Ahmad M. le reconnaît sans détour, il a piégé les deux hommes. Le premier, Ibrahim A., parce qu’il ne lui avait pas donné les faux papiers d’identité pour lesquels il avait payé 4 000 €. Les deux hommes se connaissen­t depuis longtemps. Le premier, à la tête d’une entreprise de bâtiment, employait régulièrem­ent le second sur des chantiers. Parfois, il lui demande des « services » en échange. C’est ainsi qu’il le met en relation avec Nazim B. Lui cherche à échanger des espèces contre des chèques. Les deux premières transactio­ns, pour un montant de 60 000 €, se passent sans accroc. Pour la troisième, en revanche, Ahmad M. lui fournit des faux chèques contre 245 000 € versés en espèces. Il sera interpellé alors qu’il cherchait à récupérer l’argent.

«Je suis la victime»

A l’en croire, les deux contrôles ont été orchestrés par le brigadier. Pour la seconde opération, il assure que Karim M. lui aurait réclamé sa part, 80 000 €. « Au début, j’ai hésité, j’avais jamais fait de business avec un policier », persiste Ahmad M. A ses côtés dans le box, le policier déchu fait «non» de la tête. «Je n’ai jamais reçu d’argent», s’exclame le fonctionna­ire. Lui reconnaît seulement avoir interpellé les deux hommes grâce à une informatio­n de son « indic » : les deux hommes versaient, selon ce dernier, dans le trafic de cocaïne. Il estime aujourd’hui avoir été piégé. «Je suis la victime dans cette histoire. »

 ??  ?? Le procès des policiers doit durer jusqu’au 12 février.
Le procès des policiers doit durer jusqu’au 12 février.

Newspapers in French

Newspapers from France