Un Français en NFL, bientôt?
Depuis le début des années 1990, aucun Tricolore n’a joué en match officiel dans la ligue nord-américaine
Ils y étaient presque, mais tout est dans le «presque». Comme Marc-Angelo Soumah ou Philippe Gardent au coeur des années 2000, Anthony Dablé et Anthony Mahoungou ont vu la NFL de près, ces dernières années : des camps d’entraînement, des matchs de présaison, mais le stop cruel au moment de la sélection des 53 qui forment l’équipe en début de saison. «Je suis passé près et j’y crois toujours, assure Anthony Mahoungou. J’ai pu me comparer avec les plus grands et je sais que j’ai de quoi faire ma place dans cette Ligue.»
«L’objectif, ce n’est pas d’avoir juste un joueur dans une équipe NFL, mais d’avoir une star. » Marc-Angelo Soumah, ancien joueur
Anthony Mahoungou, qui sera aux commentaires du Super Bowl, dimanche, pour La chaine L’Equipe, est le dernier à s’ajouter à la liste des « presque » héritiers de Richard Tardits, seul joueur français à avoir évolué en match officiel de NFL, entre 1990 et 1992. Ça fait loin, surtout quand on compare à la presque quarantaine de Français draftés en NBA depuis. « Je comprends la comparaison, mais ça ne marche pas de la même façon. La NFL est une ligue extrêmement conservatrice » coupe d’emblée Pierre Trochet, directeur du développement à la Fédération française de football américain.
Si le basket européen a depuis longtemps prouvé sa valeur à la NBA, ce n’est pas du tout le cas en NFL. Il faut dire que le meilleur championnat européen, en Allemagne, n’est que semi-professionnel. « Au foot US, on n’est pas pro, on n’est même pas semi pro. Il y a ce gap, poursuit Marc-Angelo Soumah, aujourd’hui consultant beIN
Sports. Pendant un temps, la NFL Europe était un bon marchepied, mais depuis sa disparition [2007], les joueurs vont tenter leur chance individuellement en université. »
C’est le cas d’Anthony Mahoungou. Parti de France à 20 ans, il a rejoint un Junior College avant d’être recruté par l’université de Purdue, dans l’Indiana. Il raconte : «Un jour, le coach d’attaque m’a expliqué comment ils m’avaient recruté. C’est son assistant qui avait vu une vidéo de moi et qui l’a présentée au coach principal en lui disant : “Je ne vais pas te dire son nom et d’où il vient.” Le coach a alors dit qu’il me voulait, et on lui a dit que j’étais français ensuite. On m’a jugé en tant que footballeur, mais pour certains, l’Europe, c’est encore flou.» Pour Marc-Angelo Soumah, « l’objectif, ce n’est pas d’avoir juste un joueur dans une équipe NFL, mais d’avoir une star. C’est là que la bascule se fera.» Ce qu’on pourrait appeler « l’effet Tony Parker », derrière lequel le foot US français court désespérément. «Ça peut tout changer en termes de popularité, en termes d’exposition médiatique et de recrutement, conclut Pierre Trochet. On a toutes les locomotives qui sont aujourd’hui sur les rails. Mais elles sont à 50 km/h. Avec un Tony, elles seront à 1 000 km/h. »