Thérèse fait tomber les clichés avec son clip « Chinoise »
Dans son dernier clip Chinoise, Thérèse dénonce les stéréotypes dont sont affublées les femmes asiatiques
Rendez-vous est donné dans un restaurant de la rue des Couronnes, à Paris. Ce jour-là, au Pavillon des pivoines, point de clients ni de clientes, mais une monteuse, une cheffe décoratrice, une réalisatrice et une assistante-réalisatrice qui s’affairent autour d’une jeune femme. Vêtue d’une grande cape verte synthétique et flashy, du rouge à lèvres
« Je n’ai rien inventé et je n’ai même pas eu la place de tout écrire.» Thérèse, chanteuse
violet pétant, la chanteuse Thérèse tourne le clip de Chinoise, son dernier single sur les stéréotypes qu’elle a subis en tant que femme asiatique. « Chinoise, Chun Li / Massage, Polie/Soumise au lit/You call me Katsuni», dit-elle au micro. Entre deux séances de maquillage, l’artiste hip hop, pop, electro confie n’avoir « rien inventé » des paroles, qui lui ont été lancées au visage : « Je me suis pris des “Katsuni”[du nom d’une ex-actrice porno], des “Jackie Chan”, des “ton père tient un bar-tabac”. Je n’ai même pas eu la place de tout écrire. » Thérèse et sa grande cape verte électrique détonnent autant que les pivoines rouges et roses peintes sur la tenture de fond du restaurant. « Quand il a fallu tourner le clip de Chinoise, je me suis dit que c’était le décor parfait : proche de la tradition et aussi kitsch que magnifique», explique la chanteuse. D’autres parties du film ont été tournées sur deux jours dans les alentours, entre les stations de métro de Belleville, Pyrénées et Jourdain, un quartier multiethnique où vivent beaucoup de Chinois parlant le teochew, une langue du sud de la Chine. « C’est un quartier
hyper mixte, que j’aime beaucoup, plein de couches d’immigration, détaille l’artiste. Je me sens y appartenir.» Une philosophie qui se reflète aussi dans sa musique, qu’elle veut solidaire de toutes les communautés : «Quand je dis “Banania, couscous, même combat”, je parle de mes adelphes. Toutes les minorités “visibles” ont subi la même chose. C’est un appel à la convergence de ces luttes-là. »
Pour former sa bande de figurants et figurantes, elle a contacté ses potes « de toutes les couleurs », à l’image du quartier. Certaines et certains sont des militants antiracistes connus, ou des figures qui ont l’habitude de s’exprimer sur le sujet, comme l’écrivaine et podcasteuse Grace Ly, Julie Hamaïde, fondatrice du magazine Koï, ou encore l’acteur Steve Tran.