L’insoutenable légèreté de l’épidémie
Certains de nos lecteurs racontent leur nouvelle vie à deux, dans un contexte exceptionnel
Il y a des histoires qui mériteraient leur Disney… Depuis près d’un an de pandémie angoissante et de restrictions de la vie sociale, pas simple pour les célibataires de rencontrer l’âme soeur pour fêter la Saint-Valentin, dimanche. Mais certains Français, qui ont accepté de nous raconter leurs aventures, ont réussi à construire leur histoire d’amour malgré tout.
«Merci au couvre-feu qui nous a permis de “conclure”.» Béa, 55 ans
Pour beaucoup d’entre eux, une rencontre au temps du Covid-19 a permis de s’engager plus rapidement. « Je l’ai invité à dîner à la maison, il n’est pas reparti, résume de son côté Béa, 55 ans. Merci au couvre-feu qui nous a permis de “conclure”. » Emménager ensemble ou vivre en vase clos, n’est-ce pas risquer de brûler les étapes ? « Cette accélération n’est pas nécessairement négative, analyse Caroline Kruse, thérapeute de couple. Elle permet de passer par-dessus des peurs, des blocages. C’est une prise de risque avec ce que cela comporte aussi d’énergie et de désir de vivre.»
Mais ce n’est pas forcément un long fleuve tranquille. «Ayant quitté mon domicile, ma ville, mon département pour vivre avec lui, je me suis retrouvée seule, monsieur travaillant toujours, critique Maud, 28 ans. Et cela a amené quelques conflits. » « Dans certains cas, évidemment, des angoisses ressurgissent, reprend la conseillère conjugale. Ces doutes peuvent miner la relation. Dans ces cas-là, je conseillerais, même à de très jeunes couples, d’aller consulter afin de réfléchir à ce qu’ils n’ont pas eu le temps d’élaborer, ce qui risque de parasiter leur désir d’être ensemble. »
Un défi supplémentaire pèse sur ces couples : quand le dîner en amoureux n’est plus exceptionnel et la sortie culturelle impossible, l’histoire risque de manquer de carburant. Georges, 31 ans, a rencontré Florent juste avant le second confinement : « Nous nous sommes rapprochés en très peu de temps. Malheureusement, il y a aussi un revers de la médaille qui fait que, au bout de trois mois de relation, nous nous ennuyons un peu. » Perrine, 35 ans, souffre aussi de ces restrictions : « En un an, je n’ai jamais rencontré ses amis ou sa famille à cause du Covid. On continue d’avancer, mais j’ai l’impression que la relation est un peu faussée. » « Les sorties étant limitées, nos tête-à-tête sont nombreux, ce qui n’est pas pour nous déplaire, se félicite en revanche Juliette, 25 ans. On prend le temps de se connaître vraiment et de savoir ce que nous voulons tous les deux pour l’avenir. Cette crise permet finalement de nous recentrer sur l’essentiel. »