«On s’est formés nous-mêmes sur Teams.» La difficile préparation des profs aux cours à distance
De nombreux profs appréhendent l’enseignement à distance
Beaucoup de classes vont-elles fermer en mars? La question se pose avec acuité depuis la dégradation de la situation sanitaire dans plusieurs départements, liée notamment à la circulation de variants du coronavirus. Ce potentiel recours accru à l’enseignement à distance, de nombreux enseignants l’appréhendent. Depuis le premier confinement, l’improvisation n’est plus de mise, mais les problèmes ne sont pas tous résolus. « Je ne suis absolument pas mieux équipée que lors du premier confinement, explique Jade, professeure des écoles en classe de CP, qui a répondu à notre appel à témoins. Le matériel utilisé est le mien. Rien n’a été fourni. » « Une prime informatique de 150 € sera versée fin février aux enseignants, afin de financer une partie de leurs achats de matériel informatique », rappelle le directeur général de l’enseignement scolaire, Edouard Jeffray.
Côté pédagogie numérique, le bât blesse encore. Pourtant, selon Edouard Jeffray, ces derniers mois, « 125 000 enseignants ont suivi des séances sur l’enseignement à distance via le réseau Canopé». Mais beaucoup d’enseignants sont passés entre les mailles du filet. Comme Johanna, qui travaille en lycée pro : « Nous nous sommes formés nousmêmes sur [le logiciel] Teams», raconte celle qui fera désormais des cours en visioconférence. Concernant l’organisation des cours et devoirs à distance, des progrès ont été effectués depuis le premier confinement, selon Edouard Jeffray : « Les établissements ont tous désormais une personne en interne qui assure la coordination de l’équipe pédagogique. » Et certains établissements ont mieux préparé les élèves : « Nous les avons formés à utiliser l’outil informatique », explique Eric, prof de SVT au collège. Mais cette meilleure organisation ne permettrait pas de maintenir tous les élèves à flot, selon certains profs. « Si cela devait arriver, je crains de perdre environ 50 à 70% de mes élèves, témoigne Jade. Les causes sont multiples : niveau scolaire très bas, parents ne voulant pas encadrer les devoirs ou ne sachant pas comment s’y prendre. » Pour éviter cet écueil, Céline souhaite « être plus insistante auprès des familles sur l’obligation d’instruction, avec un retour obligatoire sur les apprentissages de leurs enfants à la maison ».
«Je crains de perdre environ 50% à 70% de mes élèves. » Jade, professeure des écoles