«La situation est préoccupante »
Le directeur adjoint de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, Nicolas Péju, note que la circulation virale progresse fortement
Une semaine après la mise en place des «mesures de freinage», les chiffres du Covid-19 en Ile-de-France donnent le tournis. Alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour un durcissement des mesures, 20 Minutes fait le point avec le directeur adjoint de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France, Nicolas Péju (photo ci-contre).
Quelle est précisément la situation dans la région ?
La circulation virale progresse très fortement. En Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, l’incidence a dépassé les 700 cas pour 100 000 habitants, et les services de réanimation sont saturés. Jeudi soir, 1 410 patients ayant contracté le Covid-19 sont en soins critiques, auxquels s’ajoutent les 1 100 patients hospitalisés dans ces services pour d’autres pathologies. Pour faire face à cet afflux, nous avons été obligés d’intensifier les déprogrammations : on est passés de 40% à un objectif de 80%. La situation actuelle est vraiment extrêmement préoccupante.
Est-ce pire que lors de la première vague ?
Chaque vague est différente de la précédente. Ce qui est certain, c’est que celle-ci a déjà dépassé celle de l’automne, tant en intensité qu’en gravité.
Quel est le profil des personnes hospitalisées en réanimation ?
On note un rajeunissement. Au cours des trente derniers jours, l’âge moyen est passé de 65 à 63,6 ans. Cela suit la courbe des contaminations : l’incidence chez les personnes de plus de 80 ans baisse, grâce notamment à la vaccination, alors qu’elle augmente très fortement chez les 20-60 ans.
Quelle est la situation actuelle dans les écoles franciliennes ?
Le 24 mars, il y avait 800 classes et 30 établissements scolaires fermés dans la région. L’incidence chez les plus jeunes suit la tendance générale et s’accélère donc très nettement ces dernières semaines. Rien qu’entre le 18 et le 25 mars, le taux d’incidence chez les 10-19 ans est passé de 476 à 685 cas pour 100 000 habitants dans la région parisienne. C’est 44 % de plus en une semaine. Cette très forte augmentation peut néanmoins partiellement s’expliquer par une augmentation du dépistage des plus jeunes.
Certains proposent d’avancer les vacances scolaires de deux semaines. Avez-vous noté un lien entre les vacances et la progression de l’épidémie ?
Oui, il y a moins de contaminations pendant les vacances, car les établissements scolaires sont des lieux où les interactions sociales peuvent augmenter la circulation du virus. Mais la priorité, pour l’instant, est de faire baisser globalement la circulation du virus en appliquant les mesures de freinage.