20 Minutes (Paris)

Des embouteill­ages dans l’axe

Face aux équipes regroupées, les Bleus, même hyper offensifs, sont à la peine

- Nicolas Camus

Il n’est pas rare d’entendre Didier Deschamps avouer, en souriant, qu’il ne comprend pas toujours les codes qui animent son jeune groupe de joueurs. Le sélectionn­eur des Bleus est de l’ancienne génération et n’est pas très porté sur les réseaux sociaux. Sur les consoles de jeu non plus, d’ailleurs. Mais ça ne l’empêche pas d’y faire référence de temps à autre. Interrogé mercredi sur sa compositio­n d’équipe à

Alain Perrin,

quatre attaquants – Mbappé et Coman sur les ailes, Griezmann derrière Giroud dans l’axe –, DD a débriefé ainsi le match nul face à l’Ukraine (1-1) : « Ce n’est pas la PlayStatio­n. »

Sous-entendu, ce n’est pas en empilant des joueurs offensifs que l’on va forcément gagner des matchs. Mais il a beau très bien le savoir, Deschamps reste un être humain. Et quand vous savez que votre adversaire va jouer à 10 derrière, la tentation est forte de prendre plus de risques que d’habitude pour multiplier ses chances. Sauf que ce n’est pas aussi simple. « Au-delà du système, c’est surtout ce qu’on y a mis, nous, sur le terrain, a tenté d’expliquer Adrien Rabiot, jeudi. On aurait dû rentrer dans ce match avec plus de dynamisme et de rythme. Avec le potentiel qu’on a, on doit pouvoir s’adapter. » L’ex-coach de l’OL Alain Perrin, voit, lui, deux explicatio­ns principale­s à cet échec : l’apport moindre des latéraux, qui « ont peut-être moins de liberté », et le profil de Mbappé, qui a créé des embouteill­ages dans l’axe. « Il ne joue pas vraiment comme un ailier, analyse Perrin. Il aime prendre les espaces, et là, il n’y en avait pas. Et s’il repique, ça augmente la densité dans l’axe. »

Pour l’ancien coach, la solution n’est pas forcément à aller chercher dans la compositio­n d’équipe : « Il faudrait presque accepter de jouer moins haut, pour laisser croire à l’adversaire qu’il peut sortir, jouer un peu. Il faut se garder un peu d’espace pour attaquer. » En résumé, plus on domine, plus il est difficile de se créer des occasions. Vous avez dit paradoxal ? Didier Deschamps et Guy Stéphan planchent sûrement sur la question. Car face au Kazakhstan, dimanche, puis contre la Bosnie, trois jours plus tard, les Bleus, qui seront privés de Ngolo Kanté, blessé, ne devraient pas voir beaucoup d’adversaire­s venir dans leur camp non plus. « La solution, dans ces matchs-là, se trouve sur les côtés, a répété Rabiot jeudi. Il faut écarter, utiliser les dédoubleme­nts, aller centrer. » « Et tirer de loin, ajoute Perrin. On peut marquer, ça peut être dévié, provoquer un corner ou un penalty... Plus globalemen­t, j’ai l’impression que cette équipe n’est pas faite pour ce genre de match. Le registre de nos joueurs ne colle pas bien avec ça. » Cela tombe bien, on n’aura pas ce problème à l’Euro, vu le groupe (Portugal, Allemagne, Hongrie) qui nous est tombé dessus.

« Il faudrait laisser croire à l’adversaire qu’il peut sortir, jouer un peu. » ancien entraîneur

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Contre l’Ukraine, mercredi, Kylian Mbappé n’a jamais su trouver la solution.

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