Les Bleuets ont fondé tant d’espoirs qui se sont envolés
L’équipe de France espoirs a, sur le papier, tout pour gagner. Mais dans les faits...
Koundé, Kamara, Guendouzi, Tchouaméni, Faivre, Gouiri, Edouard… L’équipe de France espoirs, dans laquelle figurent les plus gros prospects du moment, devait rouler sur l’Euro, qui se dispute en Hongrie et en Slovénie. Mais il n’en est rien. Après une entame ratée face au Danemark (0-1), les Bleuets ont su réagir, dimanche, contre la Russie (2-0). Leur qualification pour les quarts se jouera face à l’Islande, mercredi (18 h).
Et pourtant, il n’y a rien de surprenant à cette inconstance. Car si les compétitions des Espoirs se jouaient à la feuille de match, les Bleuets ne compteraient certainement pas qu’un Euro (1988) et une finale (2002) à leur palmarès. Mais cette catégorie d’âge – jusqu’à 23 ans – est sans doute la plus spécifique, avec des joueurs lancés de plus en plus tôt en club. «C’est une sélection très difficile à gérer, assure Pierre Mankowski, ex-coach des Bleuets [20142016].
«On n’est jamais sûrs de l’état d’esprit des joueurs. » Pierre Mankowski, ex-sélectionneur des Espoirs
Certains ont déjà goûté à l’équipe première [les A] et, quand ils reviennent, ils le prennent comme une dévalorisation. D’autres sont motivés pour monter, puis se rendent compte qu’il y a peu de places au-dessus. On n’est jamais sûrs de l’état d’esprit des joueurs.»
Au-delà des joueurs, il faut aussi faire avec la volonté des clubs, qui souvent demandent à leurs pépites d’y aller mollo… quand ils n’inventent pas des blessures pour les garder au chaud. Sylvain Ripoll se souvient bien du cas Augustin en 2018, retenu par Leipzig avant d’être aligné trois jours plus tard. L’actuel sélectionneur des Espoirs en a tiré une leçon, inspiré aussi par la méthode de management de Didier Deschamps, qu’il a pu observer de près en étant invité au camp de base des Bleus, lors du Mondial en Russie. « Il faut que les mecs donnent du sens à l’instant présent, disait-il à OuestFrance, en 2019. Parce que, même si on a l’ambition d’aller en A, on ne peut pas être là et avoir déjà la tête au-dessus. »
C’est avec cette idée que l’ancien entraîneur de Lorient a soigneusement sélectionné ses joueurs et préparé la campagne de qualification pour le championnat d’Europe. Cette dernière fut une réussite avec huit victoires en neuf matchs. Mais ça n’empêche pas les rechutes, comme face au Danemark. «Le talent et la qualité ne garantissent rien, quand on ne fait pas ce qu’il faut», rappelait après la rencontre le défenseur Jules Koundé. Et ces Bleuets savent ce qu’ils veulent. « L’objectif est de gagner l’Euro, assurait, avant la compétition, le milieu de terrain Mattéo Guendouzi. Je suis convaincu qu’il y a quelque chose de très beau à faire.» Et pas que sur le papier, cette fois.