Au bout des comptes, ça crève l’écran
Pour réduire le coût de l’adhésion aux plateformes de divertissement, deux frères de Clichy ont lancé une initiative de coabonnement
Ceux qui ne veulent plus de pubs pendant qu’ils regardent des animés, ou ceux qui ont toujours voulu savoir si, vraiment, YouTube Premium valait le coup, devraient peutêtre tester Diivii. Deux frères de Clichy (Hauts-de-Seine), Anthony et Tom Chemaly, 24 et 29 ans, ont lancé cette plateforme au début de l’année. Ils veulent « permettre à plusieurs personnes de se mettre en relation et de partager un abonnement ». Plus de 130 sites – des plus connus, comme Netflix, aux plateformes de « niche », en passant par les sites de jeux vidéo – sont répertoriés. « Cela revient moins cher de prendre l’offre premium, avec quatre ou cinq places, et de la partager sur la plateforme, que de prendre l’offre standard », explique Anthony Chemaly. Diivii compte plus de 3 000 utilisateurs en
France, qui économiseraient ainsi, en moyenne, 340 € par an. « Pendant le premier confinement [lié au Covid-19], on s’ennuyait à tourner en rond, et on est arrivés au bout de ce qu’on voulait voir sur Netflix », raconte Anthony. Les deux frères commencent alors à s’intéresser aux contenus proposés par les autres plateformes de divertissement. Mais difficile pour eux d’en assumer le coût. « Si on veut être abonnés à plusieurs plateformes, le prix monte très vite », assurent-ils. L’idée leur vient alors de créer une plateforme destinée à diviser les tarifs des abonnements. Aujourd’hui, ils travaillent à plein temps sur leur projet. « On arrive à en vivre, on aimerait bien embaucher bientôt», expliquent-ils.
Les étudiants, public ciblé
Les fondateurs de Diivii ont établi des partenariats avec une vingtaine d’écoles et universités françaises. «En s’inscrivant avec son adresse mail étudiante, on a le droit à des promotions », détaille Morgan, responsable du BDE de l’Efrei Paris, où étudiait Tom. « On cible surtout les étudiants, parce qu’ils sont les plus touchés par les problèmes de pouvoir d’achat, déclare Anthony. Et cela peut les inciter à ne plus regarder de séries en streaming. » Étudiant, Flavien s’est inscrit à Diivii. Grâce à la plateforme, il économise 10 € par mois, somme non négligeable pour une personne « sans salaire ». Il hésite désormais à s’abonner à Spotify pour ne « plus être constamment dérangé par les pubs ». Cela lui reviendrait à 3 € par mois, soit trois fois moins cher qu’avec un abonnement individuel.
La réplique de Netflix
Pour contrer ce phénomène de multicompte, avec votre belle-mère qui donne ses codes à toute la famille, Netflix prévoit de faire payer un supplément aux utilisateurs qui partagent leur abonnement, dès le début de l’année 2023. « Cela ne devrait pas changer grand-chose, parce que, même avec ce supplément de 3 €, cela reste moins cher de faire du coabonnement », avance Anthony.