Les puffs sont vraiment pas ouf pour les jeunes
Les cigarettes électroniques jetables, plébiscitées par les adolescents, risquent de créer une nouvelle génération de fumeurs
Elle s’est fait une place dans les rayonnages des buralistes. La puff, cette cigarette électronique jetable, est particulièrement prisée des adolescents, bien que sa vente aux mineurs soit interdite. Commercialisée entre 8 et 12 € pour le modèle de 500 bouffées – ou puff en anglais, d’où son nom – cette e-cigarette pouvant contenir jusqu’à 20 mg de nicotine a été popularisée sur les réseaux sociaux. À l’occasion du Mois sans tabac, 20 Minutes s’est penché sur ce phénomène.
Litchi, marshmallow, ou encore chewing-gum : les parfums proposés ont comme un goût régressif de stand de glaces. « On est face à un produit conçu pour conquérir les très jeunes adolescents, dès 11 ans, avec ces arômes attractifs et récréatifs, des packagings colorés, alerte Loïc Josseran, professeur en santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin et directeur de l’Alliance contre le tabac (ACT). Comme s’il s’agissait de produits inoffensifs, et non des dernières trouvailles de l’industrie du tabac pour développer des marchés lucratifs. »
« Le geste, c’est déjà l’addiction »
Lorelei, 16 ans et demi, semble appartenir au public cible : « J’adore les goûts exotiques sucrés […]. C’est un peu comme une petite chicha qui tient dans la poche », poursuit l’adolescente, qui « ne fume pas de cigarette ». Daniel, lui, est tombé des nues quand il a vu une puff tomber du sac à dos de son fils de 15 ans. « Ça me met en colère, parce que je sais à quel point c’est dur de sortir du tabagisme : j’ai repris la clope après dix ans d’arrêt. Or, visiblement, la puff, mon fils mineur et ses copains n’ont pas eu de mal à s’en procurer », déplore le père de famille.
Les jeunes « puffeurs » d’aujourd’hui « seront les fumeurs de demain, répète Loïc Josseran. Tous les fumeurs reçus en consultation le disent : le geste, c’est déjà l’addiction. » Comment éviter que la puff mène des jeunes vers le tabagisme ? Pour l’ACT, il faut en interdire la commercialisation. « Parce qu’il ne faut pas imaginer qu’un gamin qui tire sur une puff à la fraise à 13 ans en restera là », prédit le professeur.
Une taxe tout juste votée
Taxer les puffs comme les cigarettes aura-t-il un effet dissuasif ? C’est la piste explorée par le Sénat. Pour l’autrice de l’amendement voté mardi, Catherine Procaccia (LR), l’instauration d’une taxe à hauteur de 6 € par millilitre « aurait pour effet d’augmenter considérablement leur prix », et, par conséquent, aurait un effet dissuasif.