20 Minutes (Paris)

Le temps des souvenirs n’est pas gris

James Gray fait revivre sa famille au cours de son enfance avec Armageddon Time, en salles ce mercredi

- Caroline Vié

Mais qu’avaient donc dans la tête Vincent Lindon et son jury pour laisser repartir bredouille Armageddon Time, de James Gray ? Le réalisateu­r d’Ad Astra se penche avec une sensibilit­é rare sur sa propre enfance et « l’âge où les enfants perdent leur innocence et se trouvent confrontés à leurs premières responsabi­lités, comme il l’a expliqué à 20 Minutes après le passage du film à Cannes. J’évoque ma famille et ma vie à New York dans les années 1980, mais je crois que ce que je raconte va bien au-delà de ma propre expérience. »

Il est facile de se sentir proche de ce bambin (excellent Banks Repeta, vu dans Black Phone), qui grandit dans une famille aimante, composée de parents joués par Jeremy Strong et Anne Hathaway et d’un grand-père incarné par Anthony Hopkins. « Je m’inscris en faux contre l’idée que les enfants sont des créatures qui naissent parfaites, s’amuse James Gray. Ils apprennent – ou pas – le sens de la justice et du bien au gré de leur propre expérience. » Son alter ego commence par se conduire de façon peu glorieuse, notamment face au racisme dont est victime un camarade noir, avant d’acquérir des valeurs plus généreuses. « L’innocence des enfants me semble une notion bourgeoise, insiste James Gray. Les bambins n’évoluent de façon positive que s’ils reçoivent une éducation solide de la part de leur entourage. » L’enfant apprend durement la réalité de la vie, notamment face à un père parfois violent parce qu’il ne sait pas par quel bout prendre ce gamin brillant, mais rebelle.

« Quelque chose de sublime »

« C’est la première fois que je parle ouvertemen­t de moi-même, sans avancer masqué, pour montrer ce qu’était ma vie à l’époque », avoue James Gray. Jessica Chastain, dans un rôle surprenant, et une séquence de cambriolag­e au suspense haletant prouvent que le cinéaste a gardé tout son talent pour surprendre et charmer. « Mes personnage­s sont des gens qui font ce qu’ils peuvent, préciset-il. Parfois, leurs efforts paient, et parfois non, mais il y a quelque chose de sublime dans cette quête. » On peut regrette assurément que l’amour puissant qui se dégage d’Armageddon Time n’ait pas touché le jury cannois. Reste à espérer qu’un succès massif de ce beau film dans les salles réparera cette injustice.

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Focus Features Le grand-père du héros est incarné par Anthony Hopkins.
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