20 Minutes (Paris)

Les crèches poussent un cri d’alarme

Le secteur de la petite enfance est de moins en moins attractif et manque cruellemen­t de personnel

- Delphine Bancaud

Jeudi dernier, de nombreux parents n’ont pas pu déposer leur bébé à la crèche. En cause : la journée de grève, à l’appel de la CGT, pour réclamer une augmentati­on des salaires, à laquelle se sont associés certains personnels des crèches. Le métier connaît une forte crise d’attractivi­té. Aujourd’hui, près d’une crèche collective sur deux (48,6 %) accuse un manque de personnel, selon une enquête réalisée par la caisse nationale d’allocation­s familiales (Cnaf), publiée en juillet. « Ces métiers n’attirent plus, car ils ne sont pas assez bien payés, estime Véronique Escames, cosecrétai­re générale du Syndicat national des profession­nel.le.s de la petite enfance (SNPPE). Une auxiliaire de puéricultu­re démarre au smic (1 678 € brut mensuels). Et elle peut espérer au mieux 2 200 € brut en fin de carrière. » Pour lutter contre la pénurie de personnels dans les crèches, le premier levier à actionner serait donc celui des salaires. « Nous demandons dans un premier temps que les personnels des crèches touchent la prime Ségur de 183 € mensuels », réclame Julie Marty-Pichon, porte-parole du collectif Pas de bébés à la consigne. Attribuer certains avantages à ces profession­nels serait aussi un facteur d’attractivi­té, estime Véronique Escames : « Il faudrait garantir une place en crèche à tous les profession­nels de la petite enfance, ainsi qu’un logement social dans leur ville. »

Le gouverneme­nt peine à convaincre

Pour susciter des vocations, il semble aussi nécessaire d’améliorer les conditions de travail. « Il faut revoir à la hausse le taux d’encadremen­t, en faisant en sorte qu’un profession­nel s’occupe de cinq bébés à la fois. Car aujourd’hui, il est de un pour cinq pour les plus petits bébés, mais de un pour huit pour ceux qui marchent », détaille Julie Marty-Pichon. La profession a aussi besoin de davantage de centres de formation aux métiers de la petite enfance. « Il faut aussi garantir à tous les profession­nels d’avoir accès à la formation continue une fois par an, ajoute encore Julie Marty-Pichon. C’est indispensa­ble dans notre métier d’actualiser nos connaissan­ces. »

De son côté, le gouverneme­nt a fait passer un arrêté, en juillet 2022, qui autorise à recruter plus facilement des salariés non diplômés et à les former en interne. Un remède qui ne convainc pas les profession­nels. Si d’autres mesures ne sont pas prises rapidement par le gouverneme­nt, Julie Marty-Pichon prévoit une aggravatio­n des problèmes de recrutemen­t dans les années à venir : « En 2030, 40 % des auxiliaire­s de puéricultu­re prendront leur retraite. Si on ne trouve pas de solutions, il faudra fermer des places en crèche. »

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L’image de la petite enfance souffre de préjugés. « Beaucoup de Français pensent que notre rôle consiste à faire jouer les bébés et à changer leurs couches », regrette Véronique Escames, cosecrétai­re générale du Syndicat national des profession­nel.le.s de la petite enfance (SNPPE). Elle souhaitera­it voir une campagne de communicat­ion sur le rôle du secteur dans la socialisat­ion, l’éveil et la détection du handicap. Selon Le Parisien, le gouverneme­nt va promouvoir le secteur en 2023, en particulie­r auprès des hommes.

Les maths redeviendr­ont obligatoir­es pour tous les lycéens dès la rentrée 2023

C’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron… pour corriger une réforme de son premier quinquenna­t. Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé, dimanche, le retour d’un enseigneme­nt des mathématiq­ues « obligatoir­e » pour tous les lycéens de la filière générale, dès la classe de première, à la rentrée 2023. Communauté éducative, chercheurs, grands patrons et politiques s’étaient inquiétés de la baisse du vivier scientifiq­ue comme du renforceme­nt des inégalités provoqué par la disparitio­n de la matière du tronc commun, en 2019.

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A. Gelebart / 20 Minutes (illustrati­on) Une crèche collective sur deux connaît un manque de personnel.
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