Les fidèles sous le choc après l’aveu de Ricard
L’ancien archevêque de Bordeaux a avoué « un comportement répréhensible » envers une adolescente, il y a trente-cinq ans
Quand on évoque le nom de monseigneur Jean-Pierre Ricard, qui a été archevêque de Bordeaux de 2001 à 2019, les mines sont graves et les regards fuyants, sur le parvis de la cathédrale Saint-André de Bordeaux. Là où il a présidé des messes emblématiques pendant son mandat, les fidèles qui acceptent de réagir aux aveux du cardinal pendant la conférence des évêques de France sont peu nombreux. L’ecclésiastique de 78 ans a reconnu, le 7 novembre, avoir eu « un comportement répréhensible » envers une adolescente de 14 ans, il y a trentecinq ans, à Marseille.
« L’institution pas à la hauteur »
Pour Pierre, qui chante tous les dimanches dans le choeur de la cathédrale bordelaise, cette confession « arrive, curieusement, quand les faits sont prescrits ». Et, il est d’avis, comme certaines figures de l’Église l’ont suggéré, de lui retirer son titre de cardinal pour prendre une mesure symbolique forte vis-à-vis des victimes. Sur ce point, Marc, un autre paroissien venu assister à l’office à Saint-André, dimanche, rappelle que cette décision relève de la seule autorité du pape. « C’est un gros problème dans l’Église, l’institution passe avant tout et ne fait pas assez pour les victimes, se désole Pierre. Quand l’institution gère, elle n’est pas à la hauteur, donc c’est à la justice de s’en occuper. » Une enquête a été ouverte par la procureure de la République de Marseille dans cette affaire, mais aucune plainte n’a été déposée pour le moment. Si Pierre continue de s’investir dans sa paroisse, il raconte que sa femme est bouleversée par ces affaires et qu’elle a pris un peu ses distances vis-à-vis de l’institution, même si sa foi, elle, reste intacte.
Marc a, lui aussi, été marqué par les
Une enquête ouverte
Le Vatican a annoncé, vendredi, l’ouverture d’une enquête préliminaire après les révélations de scandale d’agression sexuelle par le cardinal français Jean-Pierre Ricard.
révélations du cardinal. « Je suis estomaqué, c’est profondément choquant, et j’espère que l’Église va faire son ménage, réagit ce paroissien. C’est vrai qu’on est un peu lassés de ces multiples affaires, mais je connais bien l’histoire de l’Église, et il y a déjà eu des périodes très difficiles, qui ont été surmontées. » Une paroissienne pressée lance simplement : « On est à un tournant, heureusement que ça bouge », avant de s’engouffrer dans l’édifice religieux.
Avant le début de l’office, le curé a lu une lettre de l’évêque Jean-Paul James adressée à tous les catholiques du diocèse de Bordeaux. Les bancs sont clairsemés et l’ambiance très pesante à la lecture du document dont les mots résonnent dans la grande nef. « Les uns et les autres expriment leur colère, leur déception, leur lassitude, énonce-t-il. Certains parlent de trahison, d’une confiance impossible à redonner. Ces réactions sont tellement légitimes quand nous pensons, quand nous portons dans notre coeur, l’épreuve terrible vécue par les personnes victimes. Oui, l’épreuve est grande, très grande pour vous et moi. Je veux vous redire la détermination des évêques, et donc la mienne, pour faire advenir la lumière sur ces affaires ténébreuses. »
Après la publication d’un communiqué, le diocèse de Bordeaux n’a pas souhaité répondre aux questions de 20 Minutes.
« On est à un tournant, heureusement que ça bouge. » Une paroissienne