A J-20 du premier tour, les abstentionnistes comptent bien faire entendre leur voix
A quelques semaines du premier tour, des réseaux de non-votants se constituent
«Il faut montrer à ceux qui votent que nous aussi on se bouge. » Franck Renda combat l’image de « l’abstentionniste qui reste sur son canapé ». Cet humoriste, très actif sur Facebook, a lancé le mouvement des Bureaux d’abstention. « C’est une première mondiale. Concrètement, les abstentionnistes peuvent se rendre au bureau le plus proche de chez eux. Nous installerons une urne et préparerons des bulletins “Je m’abstiens”. C’est l’occasion de discuter ensemble et de montrer que l’offre politique ne nous convient pas. » Le réseau s’est tissé de semaine en semaine et compte aujourd’hui 70 bureaux, comme à Clermont-Ferrand ou Poitiers. « Je sais toujours quoi répondre aux gens qui ne cautionnent pas l’abstention. Mais quand on me disait : “Vous, vous ne faites rien pour améliorer les choses”, je ne savais plus quoi dire. C’est comme ça que l’idée m’est venue. » Accompagné par un avocat, le mouvement a créé une pétition en ligne pour comptabiliser ses soutiens. Ses membres se sont aussi associés à Antoine Buéno, ancienne plume de François Bayrou et auteur d’un manifeste pour l’abstention.
« Des responsabilités »
« Alors qu’avant les abstentionnistes restaient isolés, on commence maintenant à être en relation les uns avec les autres. C’est sûr, c’est encore embryonnaire, mais nous entretenons cette culture comme une petite flamme », raconte Antoine Peillon, auteur de Voter, c’est abdiquer. « Je ne veux plus entendre dire que nous sommes irresponsables. Nous manifestons, faisons partie d’associations et avons des responsabilités économiques à notre niveau. » A ceux qui l’accusent de faire le jeu du Front national, il rétorque qu’il existe une sorte de « vase communicant » entre les deux. « Le FN fait des pieds et des mains pour mobiliser les électeurs abstentionnistes. Ça prouve que, sans eux, ils ne sont pas si forts que ça. » Quant à Franck Renda, il regrette que le vote blanc ne soit pas reconnu. Pour lui, le plus important maintenant, c’est de ne plus passer inaperçu.