Le « kayfabe » ou l’art du chiqué au catch
Le chiqué est un art des plus réglementés
Ils ne se battent même pas pour de vrai ! » C’est sûrement la première phrase que vous entendrez à propos du catch dans la bouche d’un noninitié. Car c’est bien connu, le catch tel que le conçoit la World Wrestling Entertainment (WWE) est un récit soigneusement mis en scène : les catcheurs sont des personnages, les rivalités qui les opposent sont simulées, les coups ne sont pas réellement portés et l’issue des combats est décidée à l’avance par les cadres de la ligue américaine.
Le culte de l’omerta s’effrite
Un terme, dans le jargon de la discipline, incarne à lui seul ce mélange des genres : le « kayfabe » (à prononcer « kèfèbe »). « Pouvez-vous définir le kayfabe ? », demande-t-on à Austin Aries, catcheur professionnel rencontré en marge de WrestleMania, le grand show annuel du catch qui s’est tenu le week-end dernier, à Orlando, en Floride. « Kayfabe ? Jamais entendu parler, c’est quoi ? » réplique-t-il, avec un sourire goguenard. Pas la peine d’insister. Le « kayfabe » désigne les mises en scènes de la WWE pour renforcer le réalisme de son récit, qu’il s’agisse de combats dans les vestiaires diffusés en direct ou de Vince McMahon, le boss de la WWE qui, en 2007, a simulé sa mort en faisant exploser sa limousine face caméra. Et ce pacte fictionnel plaît aux fans. Jadis, le « kayfabe » impliquait, pour les catcheurs, de ne jamais sortir de leur personnage, même en public. Mais depuis les années 2000 et les réseaux sociaux, l’omerta qui régnait autour du « kayfabe » a disparu. « Désormais, le public comprend que nous sommes des artistes. Je n’ai pas besoin de faire semblant de détester Triple H ! », confie Seth Rollins, star de la WWE. Quant à la prétendue fausseté des combats, elle n’est que partielle. « Prenez cette bouteille de plastique puis lâchez-la », ordonne Titus O’Neil, chez la WWE depuis 2009. « Elle est bel et bien tombée sur la table, la gravité existe, non ? » nous demande ce colosse de 1,98 m pour 122 kg. « Eh bien, le catch, c’est pareil. Je peux vous dire que si je vous soulève et que je vous jette au sol, vous allez le sentir. » On veut bien le croire.