20 Minutes (Rennes)

Benoît Brisefer redébarque en force

Le Lombard réédite les aventures du petit héros supercosta­ud du dessinateu­r belge Peyo

- Olivier Mimran Intégrale Benoît Brisefer tome 1 de Peyo, François Walthéry, Will et Patrick Gaumer. Le Lombard, 25,50 €

Peyo – de son vrai nom Pierre Culliford – est surtout connu grâce à ses Schtroumpf­s. Disparu en 1992, l’auteur de BD belge a pourtant créé d’autres personnage­s durant sa carrière, parmi lesquels les héros médiévaux Johan et Pirlouit, le chat Poussy ou Benoît Brisefer, un gamin incroyable­ment costaud. Les trois premières aventures de ce dernier sont d’ailleurs republiées dans le premier tome d’une intégrale qui en comptera cinq. A première vue, rien ne distingue Benoît Brisefer, apparu pour la première fois dans les pages du magazine Spirou en décembre 1960, des autres petits garçons de son âge. Il est pourtant doué d’une force herculéenn­e! Mais dès qu’il s’enrhume, il perd ses extraordin­aires aptitudes physiques… Ce premier volume reprend les albums Les Taxis rouges, Madame Adolphine et Les Douze Travaux de Benoît Brisefer. François Walthéry, le créateur d’une célèbre héroïne de BD, Natacha, hôtesse de l’air, se souvient de ses années d’apprentiss­age auprès de Peyo sur la série « Benoît Brisefer ». « Il devait être publié dans le magazine belge Le Soir illustré, alors en difficulté, se rappelle-t-il. Mais quand Charles Dupuis en a découvert les premiers croquis, il a dit à Peyo qu’il le voulait dans Spirou. »

Le succès est immédiat et « phénoménal », selon François Walthéry, qui a repris le dessin de la série dès le troisième album, Les Douze Travaux de Benoît Brisefer. Une réussite sans aucune mesure avec « Les Schtroumpf­s » : « Peyo m’a déclaré un jour : “Vous n’avez pas pris la bonne charrette parce que lorsque je vends un album de ‘Benoît Brisefer’, il s’en écoule vingt des ‘Schtroumpf­s’” (rires). » « Benoît a un super-pouvoir, même s’il est plutôt un contre-pied aux superhéros américains qui commençaie­nt à envahir la presse de l’époque », s’amuse Walthéry. Hyper débrouilla­rd et très malin, le petit héros dénoue souvent des énigmes à la seule force de sa déduction. « Il captive toujours le jeune lectorat, assure le dessinateu­r. C’est un héros intemporel! Bon, bien sûr, les décors dans lesquels il évolue sont marqués par leur époque, mais ça ne gêne pas. D’ailleurs, à l’époque, il était déjà “hors mode” : aucun enfant ne portait de béret basque. » Plusieurs stars en devenir, comme Walthéry, Will (« Tif et Tondu »), Wasterlain (« Docteur Poche »), Gos (« Le Scrameusta­che ») ou Derib (« Yakari »), ont participé à la série. « Peyo, qui était déjà très accaparé par “Les Schtroumpf­s” au début des années 1960, a monté une sorte d’atelier comme Hergé l’avait fait pour “Tintin”. Ça créait une émulation artistique incroyable, s’enthousias­me Walthéry, et comme l’ambiance était très familiale, tout le monde en garde un souvenir assez ému. »

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