Un dossier brûlant pour la cour
La canicule a joué sur l’avant-dernier jour du procès-fleuve de la filière Cannes-Torcy, les magistrats et avocats de la cour d’assises de Paris a été exceptionnellement autorisés à tomber la robe. Jouera-t-elle sur le verdict qui doit être rendu ce jeudi? Depuis deux mois, dix-sept accusés originaires de Torcy (Seine-et-Marne) et de Cannes (Alpes-Maritimes) comparaissent, suspectés d’être à l’origine de l’attentat à la grenade contre une épicerie casher de Sarcelles, en 2012, et d’avoir fomenté quatre projets d’attentats. Comme leurs confrères avant eux, les avocats de deux des principaux accusés, Kévin P. et Jérémy B., ont dénoncé les peines « trop lourdes » requises à l’encontre de leurs clients : vingt-cinq ans de réclusion criminelle et une peine de prison à perpétuité. « Pour justifier la perpétuité, cette peine de mort civile, s’est-on appuyé sur le dossier? La réponse est non », a renchéri Georges Sauveur, l’avocat de Jérémy B., considéré comme le n° 2 de la filière. Avant novembre 2014, tous les Français partis en Syrie, et qui revenaient, étaient jugés devant le tribunal correctionnel. Le renforcement de la loi et les attentats de janvier et novembre 2015 ont précipité la criminalisation de ces départs. Bruno Vinay, qui assurait la défense d’Ibrahim B., a ainsi exhorté la cour à dissocier « départ en Syrie » et « projet terroriste ». « Ce n’est pas parce qu’il a combattu avec un groupe djihadiste qu’il est terroriste (…). Ne criminalisez pas cette infraction au motif que vous ne pouvez criminaliser le projet de mon client. » Ce dernier encourt seize ans de réclusion.