20 Minutes (Rennes)

Haro sur la rétention « préventive » des réfugiés

La propositio­n de loi, étudiée jeudi soir à l’Assemblée, inquiète

- Hélène Sergent

«La France reconduit beaucoup trop peu » à la frontière, se désolait Emmanuel Macron le 5 septembre. Depuis, le gouverneme­nt semble avoir durci le ton en la matière. Examinée jeudi soir par l’Assemblée, une propositio­n de loi déposée par le député des Ardennes Jean-Luc Warsmann (Les Constructi­fs) inquiète les associatio­ns de défense des droits des migrants. Tout comme le Défenseur des droits, Jacques Toubon, qui l’a qualifiée de « tournant politique déplorable ». « Aujourd’hui, en France, la rétention administra­tive sert à éloigner un étranger en situation irrégulièr­e », rappelle Serge Slama, professeur de droit public à Grenoble. Or, la propositio­n de loi pourrait permettre de placer en centre de rétention certains demandeurs d’asile dits « dublinés », c’est-à-dire qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays européen que la France, mais qui souhaitent déposer dans ce dernier leur demande d’asile. Ils pourraient alors être placés en rétention, le temps que leur réadmissio­n soit examinée, et de voir si « un risque non

négligeabl­e de fuite » existe. Cet enfermemen­t « préventif » irait « à l’encontre des préconisat­ions de toutes les instances internatio­nales qui recommande­nt de ne plus recourir à la privation de liberté pour endiguer les flux de population­s », dénonce Jean-François Dubost, responsabl­e du programme protection des population­s à Amnesty Internatio­nal. « On doublera les chiffres [de la reconduite aux frontières], mais ça ne réglera pas la question de la solidarité entre les Etats européens » (lire ci-dessus), lâche Pierre Henry, directeur général de France Terre d’asile.

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Le centre de rétention administra­tive de Marseille.

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