La belle petite entreprise de Mathieu Flamini
Le footballeur français est à la tête d’une société de biochimie
«Depuis que Forbes a sorti son article, j’entends dire que notre entreprise vaut 30 milliards de dollars, que je suis le footballeur le plus riche du monde, c’est n’importe quoi… » Selon le magazine, le joueur de Getafe Mathieu Flamini, à la tête d’une société de biochimie, serait le footballeur le plus friqué de la planète. Pas si simple. En 2008, alors au Milan AC, Flamini a fait la rencontre de Pasquale Granata, diplômé en économie. Attentifs aux questions environnementales, ils créent GF Biochemicals, en investissant leurs propres deniers. La base du projet : l’acide lévulinique. « C’est une façon bio de remplacer le pétrole. A partir de la biomasse, on peut créer des plastiques, des solvants, des détergents, de la peinture et même du fioul », détaille Flamini. Le département américain de l’Energie a classé cette molécule parmi les douze pouvant contribuer à sauver la planète. « C’est une molécule intéressante, mais de là à dire qu’elle va sauver la planète, c’est excessif », tempère Janos Sapi, enseignant-chercheur à l’Institut de chimie moléculaire de Reims. Le problème, avec l’acide lévulinique, c’est la faculté à en produire à l’échelle industrielle. C’est sur ce point que GF Biochemicals affirme avoir trouvé la parade. « On a financé des recherches et on est parvenu à mettre au point une technologie qui nous permettra de produire cet acide de manière bon marché et rentable », expliquait l’ex-joueur d’Arsenal dans le Sun. Depuis, le mystère autour de la découverte de GF Biochemicals plane. « C’est un secret de fabrication, reprend Janos Sapi. C’est honorable de leur part d’avoir investi là-dedans. Mais de là à dire qu’il est le footballeur le plus riche du monde… » Mathieu Flamini est d’accord avec notre interlocuteur : « Ce n’est pas notre compagnie qui est estimée à 20 milliards de dollars, mais celle du marché global sur lequel nous nous positionnons. » Janos Sapi développe : « Ces 20 ou 30 milliards de dollars, c’est la valeur potentielle du marché, à condition qu’on arrive à lever les verrous technologiques. » En l’état actuel des choses, la société de Flamini semble avoir un avenir radieux devant elle, même si l’objectif de faire de l’acide lévulinique un biocarburant crédible semble irréel. « De mon point de vue, cela ne remplacera jamais le pétrole, conclut Janos Sapi. Parce que le coût du carburant ne supportera pas celui de l’acide lévulinique. Il faut être raisonnable : est-ce que le consommateur aura les moyens de payer le litre à 5, 6 ou 7 € ? »
« L’acide lévulinique ne remplacera jamais le pétrole. »
Le chercheur Janos Sapi