Arnaud Beltrame, exemple national
Un hommage a été rendu au lieutenant-colonel qui s’est sacrifié pour une otage
Certains ont vu dans la pluie battante un symbole, celui d’une météo en deuil, elle aussi. « Je penche plutôt pour les giboulées, mais c’est moins poétique », sourit Mireille. La septuagénaire est partie aux aurores de Tours (Indre-et-Loire) pour assister avec son mari à l’hommage national rendu mercredi aux Invalides (Paris, 7e) à Arnaud Beltrame. Vendredi, celui qui était alors lieutenant-colonel de gendarmerie a pris la place d’une otage du Super U de Trèbes, dans l’Aude. Grièvement blessé à la gorge, il est décédé quelques heures après son arrivée à l’hôpital. « Notre fils est militaire. Nous savons ce que l’engagement et le sacrifice représentent pour lui, comme pour sa famille », poursuit le couple de retraités. « Venir, c’était la moindre des choses », confie, des sanglots étouffés dans la gorge, Jean-Pierre Revel, ancien du 9e régiment des chasseurs parachutistes de Toulouse. A ses yeux, Arnaud Beltrame incarne l’héroïsme (lire ci-contre).
En connaissance de cause
« D’autres, même parmi les braves, auraient peut-être transigé ou hésité », a souligné, dans son discours, Emmanuel Macron. Car, vendredi, lorsqu’il a décidé d’échanger sa place avec une employée du supermarché, il l’a fait en toute connaissance de cause, a rappelé le président de la République. Il savait que le terroriste avait tué le passager d’une voiture et blessé grièvement le conducteur, qu’il avait ouvert le feu sur des CRS et abattu de sang-froid un client et le chef boucher du magasin. « Il savait qu’il n’aurait laissé sa place à personne, car l’exemple vient du chef, et l’exemplarité était pour lui une vertu cardinale. » Sans jamais citer le nom de l’auteur des attaques, Emmanuel Macron a fustigé, devant les familles des victimes, mais aussi toute la classe politique, « l’obscurantisme barbare » et la « folie meurtrière » des terroristes. « Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain, qui progresse par les réseaux sociaux, qui accomplit son oeuvre de manière invisible sur des esprits faibles ou instables. » Une manière de répondre aux accusations de « naïveté » et d’immobilisme d’une partie des Républicains et du FN. En terminant son discours, Emmanuel Macron a élevé Arnaud Beltrame au rang de commandeur de la Légion d’honneur et l’a nommé colonel de gendarmerie. « Alors que le nom de son assassin déjà sombrait dans l’oubli, celui d’Arnaud Beltrame résonnait comme celui de l’héroïsme », a insisté le chef de l’Etat.