20 Minutes (Rennes)

« Je fais ce que j’ai dit », se justifie Macron

Le chef de l’Etat a réaffirmé à la télévision sa volonté « d’aller au bout » de ses réformes, tout en tentant de rassurer les Français

- Thibaut Le Gal

Invité du « 13 Heures » de TF1 jeudi, Emmanuel Macron a tenté pendant une heure d’apaiser les inquiétude­s des Français. 20 Minutes revient sur la communicat­ion politique du chef de l’Etat lors de cette interventi­on.

V Nouvelle devise. « La philosophi­e de la politique que nous menons depuis un an ? Libérer, protéger et unir. Nous l’avons portée durant la campagne, nous la mettons en oeuvre aujourd’hui », a avancé le président, interviewé dans une école. Pour Philippe Moreau Chevrolet, spécialist­e de communicat­ion politique et dirigeant de MCBG Conseil, « “libérer et protéger” est le mot d’ordre de tous les libéraux. Il y ajoute le terme “unir”, car beaucoup de fronts ont récemment été ouverts. »

V Cohérence. Face à la colère de certains Français, Emmanuel Macron met en avant ses promesses de campagne. « Je fais ce que j’ai dit. Peut-être qu’on n’était plus habitué. » « On retrouve ici un ressort classique de la parole présidenti­elle, utilisée notamment par Hollande ou Sarkozy, explique Bruno Cautrès, du centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Le président déroule depuis plusieurs mois son programme, ou plutôt son état d’esprit. Car la réforme ferroviair­e, si elle ne surprend personne, n’était par exemple pas clairement indiquée. »

V Pas d’autre solution. Le chef de l’Etat a estimé qu’il n’allait « pas trop vite dans [s]es réformes, mais que c’[était] le monde qui [allait] à toute allure ». Là encore, un ressort politique classique pour Bruno Cautrès. « Il y a des accents thatchérie­ns dans son discours, avec cette idée que la solution libérale est la seule politique possible pour le pays [le fameux « There is no alternativ­e »] et sa volonté d’attirer les syndicats dans un bras de fer, comme l’avait fait Thatcher avec les mineurs », ajoute Philippe Moreau Chevrolet.

V Confiance. Emmanuel Macron a assuré comprendre « les inquiétude­s » qui traversent le pays. « Je n’ai jamais pris un retraité pour un portefeuil­le », a-t-il déclaré à l’attention des seniors inquiets de l’augmentati­on de la CSG. Il a également rappelé qu’il ne considérai­t pas les cheminots comme des privilégié­s. Mais, à chaque fois, il a affiché sa volonté de poursuivre « avec la même force » les réformes. « On doit aller jusqu’au bout. » Le risque, pour lui, selon Bruno Cautrès, est de « renforcer cette idée qu’il gouverne un peu loin des réalités des Français, qu’il décide de manière verticale ». Pour Philippe Moreau Chevrolet, « il joue la cohérence plutôt que la sympathie. Or, si les conflits s’éternisent, ils se radicalise­nt, et ça pourrait finir comme Alain Juppé en 1995. Emmanuel Macron est à un tournant du quinquenna­t. »

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Emmanuel Macron était l’invité du JT de TF1 jeudi.

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