Les comptes de campagne refont polémique
A nouveau mise en cause, l’instance validant les comptes de campagne se défend
La Commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP) est sous le feu des projecteurs. Chargée de contrôler les dépenses et les recettes des candidats à une élection, cette instance a approuvé en février les comptes de ceux qui se sont lancés dans la course à l’Elysée l’an passé. Mais, depuis, les révélations se multiplient, remettant en cause l’efficacité de son contrôle. Selon Mediapart (en avril), Le Monde (en mai) et Radio France (jeudi), qui ont consulté les factures au siège de la commission, Emmanuel Macron aurait bénéficié de ristournes importantes pour louer des salles de meeting (de 85% sur le prix de location de La Bellevilloise, à Paris, par exemple). Des ristournes qui plus est nettement supérieures à celles obtenues par ses adversaires. Or, selon le Code électoral, il est interdit de financer une campagne « en fournissant des biens, services ou autres avantages directs ou indirects à des prix inférieurs à ceux qui sont habituellement pratiqués». « Les rapporteurs n’ont pas retenu d’irrégularités et la commission a suivi leur appréciation », a cependant déclaré jeudi son président François Logerot. Lui-même a «personnellement réexaminé » 19 cas de dépenses «apparemment sous-évaluées». Ces rabais, dont six dépassent les 20% et quatre les 30 %, ont été considérés comme «acceptables», car «relativement faibles». François Logerot a balayé les révélations en soulignant par ailleurs l’absence de « prix du marché» dans le secteur de l’événementiel. Concrètement, la CNCCFP calcule les ristournes en comparant le devis initial à la facture, ce qui ne permet pas de repérer les réductions négociées avant le devis. Enfin, « la commission n’a pas les moyens juridiques de rouvrir le dossier» pour un éventuel réexamen des comptes, comme réclamé notamment par Les Républicains. «Sauf si le parquet établit des faits relevant du pénal, non prescrits », a martelé François Logerot, qui a écarté la possibilité de faire un signalement à la justice, comme il l’a fait pour les comptes de Jean-Luc Mélenchon. Alors que les comptes du candidat LFI ont été approuvés par la CNCCFP, le parquet a ouvert une enquête après un signalement de cette même commission. L’hypothèse d’« infractions fiscales de la part de certaines associations» ayant travaillé durant sa campagne, mais aussi de «possibles conflits d’intérêts » ont été émises. Pourtant, fin 2017, le contrôleur des comptes du candidat de gauche avait démissionné avec fracas, arguant que la CNCCFP lui avait demandé de ne pas épingler certaines irrégularités…
Une ristourne de 85% sur le prix de la location d’une salle de meeting.