Info « 20 Minutes »
L’ex-ministre de l’Economie a joué un rôle dans la prolongation de l’autorisation des rejets en mer accordée à Alteo
L’affaire avait fait grand bruit. Novembre 2015, une visioconférence d’importance se tient entre le Premier ministre Manuel Valls, son conseiller Loïc Rocard, la ministre de l’Environnement de l’époque Ségolène Royal et son homologue à l’Economie Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement doit décider d’octroyer ou pas une autorisation de dérogation sur les rejets liquides en mer d’Alteo, usine de fabrication d’alumine de Gardanne (Bouches-du-Rhône). A l’issue de la réunion, il choisit de prolonger l’autorisation. Les fameuses boues rouges pourront donc continuer à être déversées dan un secteur protégé par le parc national des Calanques six années supplémentaires. Pendant des mois, les opposants de l’association de défense de l’environnement ZEA ont cherché à obtenir le compte rendu exhaustif de cette réunion cruciale. En vain, jusqu’au 6 janvier, lorsqu’une décision du tribunal administratif a contraint l’Etat à communiquer ce document dans son intégralité (lire l’encadré). Document que 20 Minutes a pu consulter en exclusivité.
« Chantage à l’emploi »
Premier élément qui en ressort : Ségolène Royal a toujours « fait valoir son avis très négatif sur la demande de la société Alteo de poursuivre des rejets d’effluents industriels toxiques en mer». Un avis opposé à celui d’Emmanuel Macron qui, lui, a avancé l’argument selon lequel Alteo utilisait « un procédé nouveau dont l’empreinte environnementale est nettement améliorée ».
Face à ce bras de fer, la décision d’arbitrage est revenue à Manuel Valls. Et, selon le compte rendu, le Premier ministre a repris l’argument de son ministre de l’Economie en ajoutant, notamment, que la commission d’enquête dans le cadre de l’enquête publique avait abouti à un avis favorable. Il conclut de plus que «le refus de cette autorisation aurait pour conséquence une cessation de l’exploitation accompagnée de lourdes conséquences financières et sociales » – Alteo compte environ 400 salariés. Une sorte de « chantage à l’emploi» dénoncé alors par Ségolène Royal sur les réseaux sociaux. Contacté, Manuel Valls n’avait, jeudi soir, pas donné suite à nos sollicitations.