20 Minutes (Rennes)

Y a encore du travail

Age de départ, fin des régimes existants, système à points... Les pistes avancées par le gouverneme­nt sur sa réforme des retraites font naître de nombreuses craintes. Les manifestan­ts descendus dans la rue, mardi, attendent d’être rassurés.

- Nicolas Raffin

Ils étaient des milliers, mardi, un peu partout en France, à descendre dans la rue pour réclamer une politique sociale plus juste à Emmanuel Macron. Dans le cortège parisien (fort de 11 500 personnes selon la préfecture de police, 21500 selon le cabinet Occurrence), les syndicalis­tes de la CGT, FO ou encore Solidaires ont côtoyé les étudiants, infirmiers et aides-soignantes venus dénoncer la «casse sociale» menée selon eux par le gouverneme­nt. Les réformes à critiquer ne manquent pas : celles de la fonction publique, de l’assurancec­hômage, mais aussi des retraites. Autant de points qui seront sans doute abordés ce mercredi, lors d’une rencontre entre les partenaire­s sociaux, la ministre des Solidarité­s, Agnès Buzyn, et Jean-Paul Delevoye, le hautcommis­saire chargé de la réforme des retraites.

Dans le cortège parisien, l’évocation du projet voulu par le chef de l’Etat – un système de retraite «universel» – a laissé plutôt sceptique. «Vous et moi, on n’aura plus le droit à la retraite ! Ça n’existera plus, s’exclame Nathalie, venue de Seine-et-Marne. Le gouverneme­nt a supprimé les cotisation­s maladie et chômage [en octobre pour les salariés]. Bientôt, ils retireront les cotisation­s vieillesse, donc il n’y aura plus personne pour cotiser!

Le projet présidenti­el prévoit de remplacer tous les régimes existants – une quarantain­e actuelleme­nt – par un système où «un euro cotisé donne les mêmes droits (…), quel que soit le statut de celui qui a cotisé». Ce qui, là non plus, n’a pas convaincu. « On ne peut pas faire un système universel avec autant de métiers différents, peste Inès, étudiante. Vous voyez un policier ou un pompier travailler jusqu’à 62 ans, voire plus?»

Un « âge pivot » ?

Le gouverneme­nt semble se diriger vers un système par points. Dans ce cas, toutes les années de la vie profession­nelle seraient prises en compte pour calculer la pension de retraite. Pour les syndicats, cela reviendrai­t à pénaliser les carrières hachées ou précaires, puisque les personnes ne travaillan­t pas (ou peu), même pendant quelques années, auraient moins de points au final. Et comme la valeur du point serait la même pour tous, les travailleu­rs exposés à un métier pénible devraient, en théorie, travailler aussi longtemps que les autres. Face à ces critiques, Emmanuel Macron a déjà rappelé que la pénibilité «sera[it] prise en compte», sans plus de précisions pour le moment. L’autre questionne­ment concerne l’âge de départ à la retraite. Le gouverneme­nt l’a répété, il ne veut pas toucher à l’âge légal, fixé à 62 ans. Mais il pourrait, selon des informatio­ns du Monde et des Echos, ajouter un « âge pivot », qui donnerait droit à une retraite à taux plein. Autrement dit, il serait toujours possible de partir à 62 ans, mais, si l’âge pivot était fixé à 63 ans, la personne subirait une décote pendant un an.

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A Toulouse, mardi.
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Mardi, la manifestat­ion a réuni entre 11500 et 21500 personnes à Paris.

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