Après les affaires, Mélenchon repart au combat à Lille
Le chef de LFI a rechargé les batteries depuis les perquisitions. Mardi, il a exhorté ses militants à reprendre la main pour les européennes
Les insoumis contre-attaquent. Au théâtre Sébastopol de Lille (Nord), Jean-Luc Mélenchon prend la parole dans une salle comble. A son arrivée, le public est déjà surchauffé. Mais le député des Bouches-du-Rhône répond aux acclamations avec une voix plus grave qu’à l’accoutumée. «Vous imaginez tout ce que votre accueil m’apporte… après ces quinze jours, passés sous l’outrage et l’offense permanents.» Cette expression publique face aux militants est la première depuis les perquisitions menées le 16 octobre au siège de LFI ainsi qu’à son domicile, notamment, dans le cadre de l’enquête sur les comptes de sa campagne présidentielle.
Quelques applaudissements plus tard, le naturel revient. «Nous croyons à la démocratie. Avec des bulletins de vote, nous allons régler nos comptes ! lance le tribun. Ces comptes, ce ne sont pas ceux d’un mouvement, ce sont ceux d’un peuple maltraité, humilié, appauvri, ridiculisé, par celui qui est censé le représenter ! »
« Se remobiliser »
Après les polémiques, ce meeting est «un moyen de se remobiliser collectivement, reconnaît le député du Nord Ugo Bernalicis. L’objectif n’est pas de tourner la page sur le fond, mais, stratégiquement, nous ne voulons pas faire des perquisitions le sujet central des européennes.» Jean-Luc Mélenchon prévient d’ailleurs : LFI veut faire des élections de mai un référendum anti-Macron. « Nous allons clamer de toute notre force : “Stop Macron!” Stop à cette folie, à l’irresponsabilité de la finance et à ces décrets qui vont contre l’intérêt général des peuples qui voudrait qu’on se soucie d’abord de la catastrophe écologique.» Déambulant sur scène, le patron des insoumis tape fort sur le président de la République et n’hésite pas à ironiser sur sa colère lors des perquisitions. Qui a pourtant écorné son image. Selon un sondage Elabe publié la semaine dernière, 64 % des Français et 49 % de ses électeurs de 2017 se sont dits choqués par son attitude. Un sentiment passager, pour Ugo Bernalicis. « On ne va pas lâcher le morceau, car, oui, il y a bien une instrumentalisation de la justice et de la police. Mais il faut que les choses s’apaisent, passer sur une autre tonalité pour que notre message passe mieux. » Visiblement, mardi soir, JeanLuc Mélenchon n’était pas du même avis. En fin de meeting, il a maintenu ses accusations de «judiciarisation de la vie politique [qui] est dorénavant la stratégie de “l’Empire” dans tous les pays du monde». Référence ici à l’exprésident brésilien «Lula, condamné à onze ans de prison sans qu’il n’y ait aucune preuve contre lui». Et d’ajouter, d’une voix forte : « Nous ne sommes ni des terroristes, ni des voyous (…) ça suffit les leçons de comportements (…). C’est une persécution politique, et une meute qui s’est jetée sur nous. Nous ne baisserons pas les yeux.»
A Lille, Thibaut Le Gal