Une autre idée du deuil
A l’occasion de la Toussaint, « 20 Minutes » se penche sur les funérailles laïques. Encore méconnues, ces cérémonies permettent une personnalisation de l’adieu.
Comment honorer la mémoire d’un être cher tout en le respectant ? Surtout quand ce proche n’était pas croyant? Il arrive que les familles se retrouvent devant un insatisfaisant dilemme : passage obligé par l’église ou absence de cérémonie. Comment, alors, organiser un enterrement laïc? Delphine a perdu sa compagne en 2016. «Avant sa mort, on a pu parler de ses souhaits, je savais donc que ça serait une incinération, au Père-Lachaise et dans un lieu oecuménique», raconte-t-elle. Le reste, elle l’a improvisé. Un drapeau arc-en-ciel sur le cercueil, une tête de Bouddha, David Bowie à pleins tubes… « Cette célébration m’a aidée dans mon travail de deuil », souligne-t-elle. Et pourtant, dire adieu hors des codes n’est pas toujours bien vu. «C’est très occidental, notre façon d’enterrer. Dans plein de pays, on fait la fête ! » remarque Sarah Dumont.
Ancienne journaliste, diplômée de l’Espace éthique de l’AP-HP en deuil et travail de deuil, elle alimente depuis avril Happy End. Dans ce blog, elle fait connaître les enterrements laïcs, aide les familles à les personnaliser et, plus largement, essaie de libérer la parole autour de la mort et du deuil. D’ailleurs, ajoute-t-elle, « les psychologues le disent, plus on est en paix avec sa mort, mieux on vit sa vie ». Mais organiser un enterrement laïc n’est pas une mince affaire. En raison du manque d’endroits. Aujourd’hui, c’est dans les funérariums, au domicile du défunt, dans les crématoriums ou au cimetière qu’ils sont donnés. A condition que la météo le permette… Un métier de funeral planner ?
Sarah Dumont plaide, elle, pour qu’ils aient lieu dans les mairies, qui organisent déjà des baptêmes et des mariages civils. Une proposition de loi socialiste en ce sens avait été adoptée à l’Assemblée en novembre 2016. Avant d’être bloquée au Sénat. Mais il arrive que des salles communales, des péniches, des lieux d’ordinaire festifs acceptent cette demande peu commune. Qui pourrait croître, selon Sarah Dumont, au regard du nombre de trentenaires qui souhaitent anticiper leur propre cérémonie pour ne pas laisser ce poids à leurs proches. A ses yeux, d’ailleurs, il n’est pas impossible que le métier de funeral planner, à l’image de l’organisateur de mariage, se développe.