Les amateurs prennent note
En Coupe de France, des clubs pros ne laissent pas toujours leur part de recette
Promis, le président de Granville ne se pose pas la question. Et son club (National 2), qui affronte l’OM en seizième de finale de Coupe de France, ce vendredi, n’en fera pas une affaire d’Etat si le club phocéen estime encore que c’est grâce aux Marseillais qu’un match de foot a pu être organisé dans la région. Non, Dominique Gortari n’a pas vraiment envie de parler recette de match avant «cette belle fête», alors que l’adversaire avait beaucoup fait causer au tour précédent en ne laissant pas sa part à Trélissac, comme il est de coutume de faire en Coupe de France. «Qu’est-ce que vous voulez faire? interroge Dominique Gortari. Moi, ce n’est pas la partie financière qui m’intéresse le plus sur ce match. S’ils prennent tout, tant pis. Je ne vais pas polémiquer. Ils sont dans leur droit, ils décideront. »
Jusque-là, comme lui, les dirigeants des clubs amateurs se contentaient de hausser les épaules, entre amertume et fatalisme. Et puis, ceux de Trélissac ont décidé de mettre un peu de panache dans tout ça. Car cette histoire de recette est loin d’être anecdotique pour les clubs amateurs. Gagner le droit d’affronter une Ligue 1, c’est un événement pour toute une ville, voire un département, mais c’est aussi une manne financière pour voir l’avenir un peu plus sereinement.
Illustration avec Saint-Pryvé SaintHilaire (N2), qui reçoit Monaco, lundi. Le petit club du Loiret s’est vu proposer gracieusement par l’US Orléans de venir jouer dans son stade de la Source. Les 7 300 sièges ont très vite trouvé preneurs, mais la recette ne s’annonce pas non plus pharaonique, sachant que quelque 1 500 places sont réservées pour des invitations. Il n’empêche, 100 000 ou 200 000 €, c’est toujours ça de pris à ce niveau. « C’est ça en moins qu’on aura à mettre nous, explique Jean-Bernard Legroux, l’un des deux coprésidents du club. Notre budget est de 820 000 €. On reçoit environ 160 000-170000 € en subventions, licences… Ça fait 20%. Les 80% restants, c’est du privé, c’est-à-dire les deux présidents, nos fournisseurs, nos amis… » Alors, un petit coup de main n’est jamais anodin.
En général, les choses se passent très bien entre les pros et les amateurs. Les présidents de Granville et Saint-Pryvé Saint-Hilaire n’ont que des bons souvenirs de leurs précédentes rencontres contre des clubs de l’élite. D’ailleurs, l’OM a fait savoir jeudi soir que le club était «prêt à faire un geste» pour Granville. «On réfléchit auquel. Un sou est un sou », a ajouté le deuxième de Ligue 1. Sûr que ça, les dirigeants des clubs amateurs le savent bien.
« Ça [la recette] va nous aider, c’est ça en moins qu’on aura à mettre nous. » Jean-Bernard Legroux, coprésident Saint-Pryvé Saint-Hilaire