La campagne n’affiche pas la couleur
La tendance à occulter les logos de parti s’affirme lors des municipales
Des candidats LREM aux élections municipales qui «planquent les logos»? C’est ce qu’a lancé Jordan Bardella au micro de France Info mardi dernier. « Peut-être que [les candidats LREM] ont honte de leur bilan et qu’ils ont reçu consigne du gouvernement de supprimer ces logos », a accusé l’eurodéputé RN. 20 Minutes a passé en revue les supports de communication des candidats LREM dans une dizaine de grandes villes. L’étiquette macroniste apparaît sur le programme de la grande majorité des candidats, parfois clairement comme à Lyon, Paris ou Marseille, ou plus discrètement à Nantes, Dijon ou Strasbourg. Sur les autres supports de communication (site Internet, réseaux sociaux ou affiche), l’étiquette LREM est parfois difficile à trouver.
Au siège parisien du parti, on assure que « les candidats sont libres d’afficher leur logo». La consigne transmise aux candidats ? « Faire en fonction des situations locales, au cas par cas». LREM conseille, dans les villes où le candidat est en position favorable, d’afficher les couleurs du parti. Là où LREM est en difficulté, il sera plus judicieux de «faire campagne sur une étiquette de rassemblement républicain / société civile ».
Du côté du PS, Martine Aubry, candidate à sa réélection à Lille, ne cache pas son appartenance au parti. Mais c’est la seule maire d’une grande ville à afficher le sigle socialiste en bas de son affiche. L’actuelle maire de Paris, Anne Hidalgo, ne fait pas figure d’exception. « Elle a supprimé toutes les signifiantes du PS, explique à 20 Minutes Mariette Darrigrand, sémiologue spécialisée en politique. Mais tout le monde sait qu’elle appartient au PS, donc elle n’a pas vraiment besoin de le signifier.» Aux Républicains*, le constat n’est pas si différent, certains candidats affichent le logo du parti sur leurs affiches, comme Marc-Philippe Daubresse (Lille) ou Martine Vassal (Marseille), quand d’autres font l’impasse. « A LR, on a le sentiment que ce n’est pas l’affichage du logo qui compte, mais la coalition locale, analyse Fabrice d’Almeida, historien et spécialiste en image politique. Christian Jacob [le président des Républicains] ne donne pas de consignes d’affichage. Mais ce qu’il veut éviter, c’est la situation inverse, une prise de logo LREM par des élus LR. »
Les exceptions EELV et RN
A l’inverse, à EELV, porté par sa troisième place aux élections européennes l’année dernière, la consigne est « d’afficher nos logos», confirme à 20 Minutes Alain Coulombel, porte-parole du parti. Au RN*, Stéphane Ravier, candidat à Marseille, ou Steeve Briois, candidat à sa réélection à Hénin-Beaumont, affichent les couleurs du parti sur les réseaux sociaux. Une étiquette généralement revendiquée par les candidats investis par la formation. «Le RN est dans une logique de discipline, analyse Fabrice d’Almeida. Comme ils attendent un bon score, ils sont encore plus disciplinaires. »
* Ces deux partis n’ont pas donné suite à nos sollicitations pour cet article.