Le virus leur a mis la fièvre
L’effondrement du prix du pétrole et l’épidémie de coronavirus ont provoqué, lundi, la panique au sein des places financières mondiales.
Les tradeurs du monde voient rouge. Que ce soit la Bourse de Hong Kong (-4%), de Londres (-7%), de Paris (-8,39% pour le CAC40, pire séance depuis 2008) ou encore Wall Street (-7,29% pour le Nasdaq), aucune place financière n’a été épargnée, lundi, par un plongeon brutal. En cause, le coronavirus mais aussi l’effondrement du marché pétrolier.
> Une plongée historique. « L’Opep [Organisation des pays exportateurs de pétrole] et la Russie [2e producteur mondial d’or noir] se sont réunies la semaine dernière pour évoquer une baisse de la production afin de maintenir les prix à un niveau raisonnable. Mais elles n’ont pas trouvé d’accord», rappelle Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Ostrum Asset Management. La Russie ayant refusé de réduire sa production, l’Arabie saoudite a répliqué en augmentant sa production journalière à 1 million de barils par jour. Une offre surabondante et une demande en berne, il n’en fallait pas plus pour provoquer une chute du prix de l’or noir (-30% lundi en Asie, plus forte baisse depuis 1991, -20% en Europe).
> Un enjeu planétaire. «Le pétrole est la matière première la plus suivie, rappelle Karl Toussaint du Wast, cofondateur de Netinvestissement. Avant lundi, son cours avait déjà baissé à cause du coronavirus. Les usines à l’arrêt et les avions qui ne volent plus ont entraîné une baisse de la consommation d’or noir. » Moins de pétrole consommé, c’est une production mondiale qui ralentit et qui crée moins de richesses, d’où l’inquiétude généralisée des marchés.
> Un avenir incertain. « Un recul prolongé de la consommation, en plus de fermetures prolongées d’entreprises, attaquerait les bénéfices, conduirait à des suppressions d’emplois et pèserait sur le moral» des acteurs économiques, ont noté, lundi, les analystes de Moody’s. «Chacun se demande à quelle vitesse nous allons avoir une récession globale, observe Philippe Waechter. Si on ne trouve pas les moyens de faire face au coronavirus, l’activité risque de fortement ralentir au deuxième, voire au troisième trimestre.» Karl Toussaint du Wast envisage déjà l’avenir. «Une fois que l’on aura jugulé le virus et son expansion, notamment via un vaccin, la machine repartira. »