Les festoù-noz frappés par la crise du coronavirus
Dans ces rendez-vous où le contact physique est indissociable de la danse, il est impossible de faire respecter les gestes barrières
Un silence assez inhabituel règne aux quatre coins de la Bretagne. Et l’été qui se profile ne s’annonce guère plus emballant pour les amateurs de danse et de musique bretonnes. Comme tous les spectacles vivants, les festoù-noz ont été rayés de l’agenda depuis le début de la crise de nouveau coronavirus. Selon les chiffres de Spectacle Vivant en Bretagne, pas moins de 1 200 événements ont été ou vont être annulés d’ici à la fin août dans la région.
Pour certains danseurs, ce sevrage forcé est très dur à vivre. «Cela crée un grand vide, car je ne vis pas sans le fest-noz, j’ai besoin de ressentir cette effervescence et cette magie de la ronde», indique, désabusée, Corinne. Les organisateurs sont également dans le flou le plus total. «A force d’entendre tout et son contraire, ils ne savent plus sur quel pied danser», souligne Stéphane Julou, coordinateur de l’association TammKreiz, l’observatoire permanent du festnoz. Les rassemblements de moins de 5 000 personnes étant désormais autorisés, rien n’empêche en effet un organisateur de maintenir son fest-noz cet été. Mais, dans la pratique, cela semble quasiment impossible à mettre en place. «Le fest-noz, c’est un peu l’antithèse des gestes barrières, assure Stéphane Julou. Quand on danse, ce n’est jamais seul. Il y a un vrai contact physique entre les danseurs, on a la sueur du voisin dans les narines.»
Des aides de la région
Faire respecter les mesures barrières et la distanciation physique semble donc impossible en fest-noz, sous peine de le dénaturer. «Je ne me vois vraiment pas danser avec un masque et des gants, confie Corinne. S’il n’y a pas de contact, il n’y a rien qui se passe dans la ronde, il n’y a aucune onde qui se propage». Pendant le confinement, certains ont bien tenté de trouver des solutions en imaginant notamment une danse avec un cintre pour éviter que les danseurs ne se tiennent par le petit doigt. «C’était marrant, mais cela ne peut pas s’appliquer pour toutes les danses», souligne la danseuse, qui habite Langoüet, au nord de Rennes. L’association TammKreizh a également organisé durant ces trois mois des fest-noz virtuels pour remonter un peu le moral des danseurs. «Cela m’a fait un bien fou, cela donnait au moins l’impression d’être ensemble», reconnaît Corinne. Mais, en attendant, le retour sur les parquets n’est pas encore à l’ordre du jour. « Tant qu’on devra respecter les gestes barrières, cela risque d’être compliqué» prévient Stéphane Julou, craignant que la crise sanitaire actuelle ne bouleverse profondément le milieu du fest-noz. Consciente des difficultés à venir pour de nombreux acteurs, la région Bretagne doit d’ailleurs annoncer vendredi à Lorient tout un dispositif d’aides pour relancer le spectacle vivant dans la région.