Après le confinement, l’intérim peine sur la voie de la reprise
Le travail temporaire a connu un recul historique au premier trimestre, lié à la crise du Covid-19. Et la reprise se révèle timide
Chômage partiel, annonces de fermetures, dépôts de bilan… La crise sanitaire a mis à mal le marché du travail. L’intérim en particulier souffre de la situation. Prism’emploi, qui regroupe les entreprises de travail temporaire et leurs agences, évalue la perte d’emplois à «557000 équivalents temps plein» lors de la seconde quinzaine de mars. Selon une étude publiée par la Dares le 11 juin, l’intérim a enregistré un recul historique au premier trimestre, avec 40,4% d’emplois perdus. Cette baisse concerne tous les secteurs, en particulier la construction (– 60,5 %), l’industrie (–40,7%) et le tertiaire (–31%).
« On pensait que l’emploi allait repartir comme une fusée en juin avec la sortie du confinement, mais la machine économique peine à se relancer», avance Mathieu Maréchal, délégué Force ouvrière Intérim. Même constat pour Laëtitia Gomez, secrétaire générale adjointe de la CGT Intérim : «Pour l’instant, ça reste très timide. Les gros pourvoyeurs d’emploi en intérim sont ceux qui annoncent des fermetures et des licenciements », à l’instar de Renault et Airbus.
La logistique en profite
Difficile, alors, de prévoir quand l’activité intérimaire va repartir. Bruno Ducoudré, économiste à l’OFCE, attribue en partie le faible taux de retour à l’emploi des travailleurs en intérim à l’organisation des entreprises après une longue période au ralenti : « Elles relancent d’abord leur activité en remettant en poste les travailleurs en CDI ou en CDD longue durée. » Certains secteurs sont cependant susceptibles de maintenir à flot, à court terme, l’emploi intérimaire. « Aujourd’hui, ceux qui portent l’intérim sont les mêmes qui ont profité de la crise, explique Stéphanie Delestre, présidente de Qapa, plateforme de travail temporaire. Avec le confinement, les gens se sont tournés vers le e-commerce. Les plateformes logistiques ont dû embaucher, en majorité des préparateurs de commandes et des caristes. » Bien que la France soit désormais déconfinée, l’appétence des consommateurs pour Internet se poursuit, d’où des embauches en intérim. La grande distribution, qui a bénéficié de la fermeture de petits commerces pendant le confinement, emprunte le même chemin.