Sortis de crise
Le coronavirus et les mesures prises pour enrayer l’épidémie affectent l’économie. Mais des entreprises trouvent de nouveaux débouchés.
Que vont-ils manger pendant plus de deux mois, seuls sur leur bateau? Voilà une question qui taraude en ce moment les navigateurs du Vendée Globe, à deux semaines du grand départ de la course. La grande majorité d’entre eux vont aller faire leurs courses chez Lyophilise & Co, une société basée à Lorient et spécialisée dans la vente de produits d’autonomie alimentaire.
C’est d’ailleurs pour nourrir et apporter un peu de réconfort à ces marins qu’Ariane Pehrson a lancé sa boutique en ligne il y a dix ans. « A l’époque, l’offre de repas était vraiment très pauvre, avec un manque de variété et une qualité pas toujours là », indique la Suédoise, elle-même femme de skippeur. Ariane Pehrson a depuis vu sa base de clients s’élargir, grâce notamment au boom des sports outdoor. La tendance s’est encore amplifiée avec l’essor du survivalisme qui a poussé de nouveaux adeptes à se convertir à la nourriture lyophilisée. Des produits qui ont l’avantage de se conserver très longtemps et d’être très légers grâce à un séchage à froid des aliments. « Toutes les qualités gustatives et nutritionnelles sont également conservées », assure Ariane Pehrson.
Depuis le début de la crise sanitaire, sa société croule sous des commandes qui affluent du monde entier. « A chaque fois qu’il y a des tensions ou des catastrophes dans le monde, nos ventes explosent, indique la gérante, qui a senti les premiers signes d’agitation dès la fin décembre. Il y a eu beaucoup de commandes pour des produits se conservant jusqu’à
vingt-cinq ans. Ce n’était clairement pas pour de la randonnée, mais pour du stockage. »Le confinement mondialisé a encore aiguisé les peurs d’une pénurie alimentaire.
Sans surfer sur ces craintes, Lyophilise & Co en a tiré profit avec des ventes qui ont doublé en février et triplé en mars par rapport à l’an dernier. « Les packs de survie pour trois mois se sont notamment arrachés », assure Ariane Pehrson, qui a également dû gérer des commandes improbables : « Un client est par exemple venu de Dordogne en voiture et il est reparti avec 15 000 € de nourriture et de matériel dans son coffre ».
Le pic de la crise passé, l’entreprise bretonne n’a pas pour autant ralenti le rythme, bien au contraire. « Chaque été, l’activité est déjà soutenue. Mais ça l’a été encore plus cette année, car les Français avaient besoin de prendre l’air et de partir en randonnée ou à la montagne », souligne la cheffe d’entreprise, qui scrute avec attention l’évolution sanitaire. « On pensait que ça allait se calmer à la rentrée, mais pas tant que ça au final. Les commandes repartent d’ailleurs de plus belle depuis quelques semaines, note-t-elle. On ne s’attend pas à ce que ça se calme avant plusieurs mois. »
Une commande à 15 000 €