Erdogan accusé d’attiser le feu
« Macron a besoin de se faire soigner. » Des rodomontades, Recep Erdogan est passé aux menaces à peine voilées. Ce week-end, il a ainsi mis en doute la « santé mentale » du chef de l’Etat français à deux reprises, suscitant une crise diplomatique. De son côté, la présidence française a dénoncé des propos inacceptables et rappelé l’ambassadeur de France à Ankara. « Erdogan est en tête du peloton qui met de l’huile sur le feu, pense Anne-Sophie Sebban-Bécache, docteure en géopolitique. Nous n’avons pas attendu ce week-end pour voir qu’il tente d’étendre son influence. »
Une nécessité plus qu’une réelle volonté. «Erdogan est en échec sur sa géopolitique extérieure et plombé par le contexte socioéconomique en interne, explique Frédéric Encel. Il montre donc les muscles pour tenter de rassurer son peuple. » Comme le font, d’après lui, les mouvements les plus intégristes au Qatar ou au Koweït. « S’ils s’essuient les pieds sur le paillasson français, c’est avant tout pour rassurer leurs soutiens, poursuit le spécialiste du Moyen-Orient. C’est un message de politique intérieure. » Que l’on pourrait encore entendre résonner quand le gouvernement présentera son projet de loi pour lutter contre les séparatismes, le 9 décembre. Dimanche, la France a appelé les gouvernements des pays concernés à faire cesser les appels au boycott et à manifester, provenant d’une « minorité radicale ». Le Quai d’Orsay a souligné avoir mobilisé le réseau diplomatique français «pour rappeler et expliquer [aux autres pays] les positions de la France en matière de libertés fondamentales et de refus de la haine».
«Rassurer leurs soutiens»