La hiérarchie de Saint-Cyr assure n’avoir rien vu
Deux officiers de l’école ont tenté, mercredi, d’expliquer leur rôle dans la noyade de Jallal Hami en 2012
L’institution a beau jouir d’une réputation prestigieuse chez les militaires, comme dans le civil, l’école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan) a vu son image écornée, mercredi, par deux témoignages de ses anciens membres de commandement. Invités à s’exprimer à la barre du tribunal correctionnel de Rennes, l’ancien colonel Hervé Wallerand et le général Francis Chanson ont tenté de s’expliquer sur le décès de l’élève-officier Jallal Hami, en 2012.
Le militaire de 24 ans s’était noyé lors de la traversée d’un étang, dans une eau à 9°C, organisée par des élèves de deuxième année dans le cadre d’un bahutage, passage obligatoire de «transmission des traditions».
Comment expliquer que des activités menées dans l’enceinte de l’école puissent échapper au commandement ? « A Saint-Cyr, rien ne se passe comme ailleurs», a lâché le général Francis Chanson, avant de reconnaître « ne pas avoir été assez vigilant en laissant les élèves en autonomie». Mis à mal, le gradé a refusé d’endosser seul la responsabilité de cette noyade, chargeant au passage sa haute hiérarchie. « D’autres officiers de Saint-Cyr étaient au courant », s’est défendu ce militaire de 60 ans.
«J’ai quitté l’institution»
Hervé Wallerand, qui commandait les élèves, était aussi sur le banc des accusés. L’ancien colonel avait remis sa démission à l’école : « Je n’étais plus en accord avec l’institution et je l’ai quittée. Tout le monde ne l’a pas fait. » Ce bahutage mortel a été très critiqué par les deux anciens membres de commandement. « Jamais, ça ne me serait venu à l’esprit, avance Hervé Wallerand. Une nage commando en casque, treillis, rangers dans une eau à 9 degrés, je n’ai jamais vu ça. » Si les deux militaires ont aussi mis en cause l’état-major de l’armée de terre, ce n’est pas le cas de la famille de la victime. Une position résumée par Jean-Guillaume Le Mintier, son avocat : « Il n’est pas question de remettre en cause l’institution militaire. »