20 Minutes (Rennes)

Une miraculeus­e punition de feu

A l’occasion du tricentena­ire du grand incendie de 1720, deux enseignant­s font paraître un ouvrage sur cet événement «refondateu­r»

- Jérôme Gicquel

Ce désastre remonte à des temps lointains. Il y a trois siècles, en 1720, Rennes a été le théâtre d’un immense incendie. A cette occasion, deux historiens et enseignant­s de Rennes-2 ont codirigé la rédaction de Rennes 1720. L’incendie (éd. Presses Universita­ires de Rennes), un ouvrage pour faire toute la lumière sur « l’un des plus fameux brasiers de l’Europe préindustr­ielle».

Dans la nuit du 22 au 23 décembre 1720, le feu se déclare dans la petite maison d’un menuisier, située rue Tristin, l’actuelle rue de l’Horloge. Très vite, l’incendie devient incontrôla­ble et atteint son paroxysme le soir de Noël. Les témoins décrivent alors « un feu venu du ciel » et craignent que toute la ville soit dévastée. Il faudra finalement attendre l’arrivée de la pluie, cinq jours plus tard, pour que l’incendie soit maîtrisé. Les flammes ont entre-temps ravagé une bonne partie du coeur de ville, détruisant une trentaine de rues et un millier de bâtiments. Des milliers d’habitants ont été sinistrés. «Le bilan humain a toutefois été assez limité, souligne Georges Provost. “Seulement” une dizaine de personnes ont péri. »

Dans ce paysage de cendre, certains voient le signe d’une « punition divine ». D’autres, avec le recul, y voient plutôt « un miracle », estimant que l’incendie a joué un rôle de « mythe refondateu­r » pour la ville. « Rennes était déjà la capitale de la Bretagne, mais les élites locales ont vu dans la reconstruc­tion l’opportunit­é d’affirmer encore plus ce rôle », indique Gauthier Aubert. Les clés de ce grand chantier sont dans un premier temps confiées à Isaac Robelin, un ingénieur brestois disciple de Vauban. Il décide alors de tracer les contours d’une ville neuve, aérée et moderne. Trop moderne, justement, pour le pouvoir en place qui le congédie. «Il n’a vraiment édifié qu’un ou deux immeubles, souligne Gauthier Aubert. Mais il a laissé un plan et une idée, qui ont ensuite guidé les aménageurs jusqu’au milieu du XIXe siècle. » En quelques années, Rennes va se transforme­r à toute vitesse, passant «d’une cité encore médiévale où le bois domine, à une ville des Lumières où la minéralité tend à s’imposer », relate l’ouvrage.

Une période riche en mutations qui éclaire sous un nouveau jour le visage actuel de la capitale bretonne, selon Gauthier Aubert. « Récemment, des critiques ont été formulées sur l’aspect trop minéral des places de Rennes, souligne-t-il. Cela remonte à cette époque. Les gens voulaient alors une ville moderne, sûre et fonctionne­lle. »

« Les élites locales ont vu l’opportunit­é d’affirmer le rôle de capitale de Rennes. »

Gauthier Aubert, codirecteu­r de l’ouvrage

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Georges Provost et Gauthier Aubert ont codirigé la rédaction de l’ouvrage.

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