L’idée de légaliser le cannabis a son terreau politique
La députée LREM Caroline Janvier tire les premières conclusions de la consultation citoyenne sur l’usage dit «récréatif»
«C’est un résultat qui montre que le sujet est important et qu’il suscite l’intérêt des Français. » Rapporteuse thématique de la mission parlementaire sur le cannabis, la députée LREM du Loiret, Caroline Janvier, a été « surprise » du nombre de réponses à la consultation citoyenne sur l’utilisation récréative de ce produit. Entre le 13 janvier et le 28 février 2021, 253 194 personnes ont répondu à un questionnaire en ligne sur le site de l’Assemblée nationale. Et leur constat est sans appel : elles ne sont que 4,37% à considérer que la loi permet aujourd’hui de limiter l’usage du cannabis et près de 80 % d’entre elles se prononcent en faveur d’une légalisation.
Qui sont les Français qui ont pris le temps de répondre aux neuf pages de questions de la mission d’information? Essentiellement des jeunes âgés de 18 à 29 ans (46,96%) ou des personnes âgées de plus de 40 ans (25,37 %). Certains consomment régulièrement ou tous les jours du cannabis (30,86 %), d’autres jamais (30,80 %).
Des boutiques spécialisées
Dans le détail, plus de neuf répondants sur dix estiment que la répression de la consommation de cannabis ne permet ni d’en limiter l’ampleur (92,07 %), ni de lutter efficacement contre les trafics (92,09 %). Une grande majorité des Français qui ont participé à cette consultation (80,80 %) proposent de légaliser le cannabis, quand 13,8 % d’entre eux se déclarent favorables à une dépénalisation. A l’inverse, une infime minorité des votants ont indiqué être pour un renforcement des sanctions (4,6 %) ou pour le maintien du cadre légal en vigueur (0,82 %).
Beaucoup imaginent une commercialisation du cannabis dans des boutiques spécialisées (62,4 %). D’autres suggèrent que sa vente soit régulée sur le modèle de l’alcool (24,2 %). Ces contributions vont alimenter le rapport de la mission d’information sur le volet « récréatif » du cannabis, qui devrait être présenté d’ici un mois. « Par ailleurs, les auditions de spécialistes que nous avons menées ont montré qu’il était possible de faire différemment, rappelle la députée du Loiret. On peut notamment s’inspirer des expériences étrangères. Nous avons beaucoup de matière et d’outils pour formuler des propositions très concrètes et montrer qu’en réalité légalisation ne veut pas dire banalisation. Au contraire, avec un autre modèle, comme une légalisation régulée par l’Etat, on pourra mieux répondre aux problématiques sécuritaires et sanitaires. »
Pour Caroline Janvier, «la légalisation du cannabis n’est plus un tabou en France ». Reste à savoir si le président de la République sera sensible aux arguments développés par les députés dans leur rapport. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a rappelé lors d’un déplacement à Marseille son opposition morale à la légalisation du cannabis.