«Le genre est une construction sociale»
Le journaliste Martin Weill évoque son reportage sur « La Révolution du genre», diffusé mardi
Ces derniers mois, le sujet de la transidentité et, plus largement, des questions liées aux genres inspire de nombreux reportages. Mardi, c’était au tour de TMC de s’intéresser en prime time à «La Révolution du genre», réalisé par le journaliste Martin Weill.
Pourquoi avez-vous choisi de consacrer une soirée à « La révolution du genre » ?
On réfléchit dessus depuis un moment. C’était important de parler de la transidentité, mais aussi du genre. C’est un phénomène de société, les choses bougent – enfin ! – sur le sujet. Le genre structure les rapports que l’on a les uns avec les autres.
Dans le reportage, vous avez pris soin de ne pas citer les « dead names », c’est-à-dire les anciens prénoms des personnes trans interviewées…
Le «dead name» ou les pronoms peuvent paraître accessoires, mais ça ne l’est pas du tout, car c’est la façon dont une personne se définit ellemême. Il faut respecter cela. Ramener quelqu’un à son ancien prénom, c’est le ramener à son ancienne identité. Quand on sait que certains parcours sont parfois compliqués, quand on sait la transphobie qui existe dans la société et les réactions violentes que les personnes trans peuvent se prendre dans la gueule – pardonnez-moi l’expression –, il est très important de respecter la manière dont une personne se définit. C’est son droit. On voulait proposer une émission humaine, dans laquelle on s’intéresse à des personnes, et aussi à ce que ça dit de nous.
Ce que cela dit de nous… C’est-à-dire ?
Quand on commence à s’intéresser au genre, on se rend assez vite compte que la part de ce qu’on estime être de l’inné ou de l’acquis est complètement remise en cause. Le genre est une construction sociale, c’est-à-dire que l’on assigne à un sexe un certain nombre de qualités, de façons de se comporter, de tempéraments qui, même inconsciemment, finissent par structurer notre identité. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de genres, mais qu’il faut peut-être décloisonner, rendre les choses moins binaires, moins sclérosées. Ce sont des évolutions intéressantes.
Comment convaincriez-vous celles et ceux qui estiment que remettre en question les genres est une dérive ? Les personnes qui refusent de voir le changement ou qui veulent s’en détourner, c’est une chose. Moi, mon rôle de journaliste est de documenter ce qui se passe dans la société. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se posent ces questions. Ce qui dérange des gens aujourd’hui, c’est qu’on se rend compte que la transidentité existe chez les enfants. Leur parole se libère, ça fait peur à certaines personnes. Il y a beaucoup de bêtises qui sont dites là-dessus. Le psychiatre Serge Hefez a un discours rassurant. Dédramatiser les choses est la meilleure manière de faire avancer le débat.