Le collectif Drastic mène son enquête sur l’origine du virus
Ses membres mènent leur propre enquête sur l’origine de l’épidémie
C’est l’un des rapports les plus attendus de l’histoire. Les premières conclusions de l’enquête conjointe menée par les experts de l’OMS et de la Chine sur les origines de l’épidémie de Covid-19, dont l’AFP a obtenu lundi une copie, privilégient l’hypothèse d’une transmission du virus à l’homme par l’intermédiaire d’un animal infecté par une chauve-souris. La thèse d’une fuite d’un laboratoire chinois est ainsi écartée. De son côté, le collectif Drastic a lancé sa propre enquête sur l’origine de la pandémie.
Le collectif Drastic, qu’est-ce que c’est ? Drastic, pour « Decentralized Radical Autonomous Search Team Investigating Covid-19 » (« équipe de recherche autonome radicale décentralisée enquêtant sur le Covid-19 »), est un collectif pluridisciplinaire, composé d’une trentaine de personnes, qui s’est constitué sur Twitter dès février 2020. Le groupe inclut « des biologistes, des spécialistes en génétique, des ingénieurs avec des connaissances de la construction et maintenance de laboratoires, des spécialistes des données, des profils d’analystes, des spécialistes de l’open data, des spécialistes de la culture chinoise », détaille à 20 Minutes Gilles Demaneuf, un data analyst néo-zélandais, membre du collectif. Chaque profil est le bienvenu «tant qu’il contribue», précise l’ingénieur.
Pourquoi a-t-il été créé ? « On veut trouver des faits, des preuves, et non pas des sophismes », explique Rodolphe de Maistre, directeur de projet dans une entreprise d’ingénierie et autre membre du collectif. Si le groupe s’est emparé du sujet, c’est aussi parce qu’il estime que la thèse d’une fuite accidentelle d’un virus modifié au Wuhan Institute of Virology est l’explication « la plus plausible », avance André Goffinet, professeur à l’Institut de neuroscience de Louvain, en Belgique, membre du collectif.
Que pensent ses membres du rapport de l’OMS et de la Chine ? Pour le collectif, l’enquête n’a pas été réalisée en toute transparence. «L’OMS a suggéré 17 membres internationaux qui ont été validés par la Chine », estime Gilles Demaneuf. Pour certains, le sujet même de l’enquête est biaisé. « Le rapport a reçu explicitement la mission de comprendre comment le virus a pu passer de la chauve-souris à l’humain, regrette André Goffinet. Ils ont exclu d’envisager l’hypothèse d’un accident de laboratoire en prétextant que c’est trop peu probable. » Mona Rahalkar, microbiologiste à l’institut de recherche Agharkar en Inde et membre du collectif, estime que les deux hypothèses pourraient être reliées : « Et si des animaux porteurs de virus s’enfuyaient du laboratoire ? Serait-ce dérivé du laboratoire ou dérivé d’animaux? Les deux, non?» Lundi, le patron de l’OMS a estimé que toutes les hypothèses avancées méritaient d’être étudiées. Le rapport doit être rendu public ce mardi.