Le cocréateur de la série d’animation pour adultes livre les secrets de son incroyable succès
La série animée « Rick & Morty », de Dan Harmon, s’est imposée comme une oeuvre réflexive sur la pop culture
Il a suffi de quelques années et saisons à Rick & Morty pour s’installer au panthéon des séries animées pour adultes. Alors que la saison 5 inédite débarque ce lundi en US+24 et en exclusivité sur Adult Swim, et que la série est assurée d’avoir cinq saisons supplémentaires, 20 Minutes a rencontré, en exclusivité aussi, son cocréateur Dan Harmon.
Rick & Morty s’est imposée comme une référence de la pop culture, mais peut-on aussi parler de punk culture ? Sabotage, des Beastie Boys, rythme le trailer de la saison 5, quand même.
Le show a toujours eu pour but de saper, de vandaliser la pop culture. Mais, aux États-Unis, il est difficile de faire la différence. Vous créez des sneakers, puis des publicités pour les vendre, mais on vous demande si ces pubs ne pourraient pas être drôles, des oeuvres à part entière, et, bien sûr, la marque paie pour ces pubs. Nous ne savons donc plus quand c’est punk ou pop. Le punk, si c’est bien fait, tout le monde veut le voir et cela devient pop. Et c’est le capitalisme.
En saison 1, Morty lâche : « Personne n’a rien à faire ici, personne n’est spécial, tout le monde va mourir, alors viens regarder la télé. » Cela résume bien l’esprit de la série, non ?
C’est l’esprit en effet, mais je pense que les gens se trompent sur ce qu’est notre nihilisme. J’ai reçu un jour un mail d’un mec qui bosse avec des jeunes en difficulté et qui a cette citation placardée sur la porte de son bureau. Il m’a expliqué qu’avec ce sticker les jeunes avaient tout de suite confiance en lui. Je pense qu’avec Rick & Morty, c’est un peu comme quand tu sympathises avec quelqu’un qui est en haut d’un immeuble, un pied dans le vide. Tu ne peux pas lui raconter de bobards. « Je sais, ça craint, c’est effrayant, mais c’est la vérité. La vie n’a pas de sens. Maintenant qu’on se l’est dit, on peut connecter. » Les gens ont tendance à confondre nihilisme avec froideur, mais il peut être le sel de la vie.
Au moins cinq autres saisons sont d’ores et déjà prévues, n’avez-vous pas peur de tourner en rond ?
Pas du tout. Ils peuvent affronter le Bigfoot ou autre, cela n’a pas d’importance. Connaissez-vous l’expression typiquement américaine « too big to fail », littéralement, « trop gros pour faire faillite » ? C’est la devise de notre writer’s room. Nous prenons l’univers de la série très au sérieux.
Comment expliquez-vous le culte de la série ?
Je pense qu’il y a beaucoup de raisons différentes, par exemple, que c’est drôle [rires]. Mais il y a aussi de l’empathie. Les gens s’identifient à la dynamique de la famille Smith, et veulent suivre l’évolution des personnages. C’est une autre raison, peut-être la plus importante.