Les facettes d’Ocelot à Annecy
Le 60e festival d’Annecy (Haute-Savoie), Michel Ocelot ne l’aurait manqué pour rien au monde, d’autant qu’une exposition lui est consacrée entre les murs du très beau château de la ville. Une vilaine chute d’une échelle, chez lui juste avant, en aura voulu autrement. Ses oeuvres en tout cas sont bien là, jusqu’au 11 octobre, sous l’intitulé «Michel Ocelot, artificier de l’imaginaire». On y découvre ses premières peintures, ses storyboards et ses célèbres papiers découpés, des dentelles de pâtisseries très blanches aux silhouettes noires. Une technique inspirée des Aventures du prince Ahmed, de la pionnière allemande Lotte Reiniger (1929), sur un style très affirmé pour celui qui, paradoxalement, confie dans l’expo : « Mon idéal serait de ne pas avoir de style. »
Le succès surprise de Kirikou
On y voit aussi son «premier travail officiel» pour la télévision, le canard Gédéon, adapté de Benjamin Rabier, au début des années 1970, et ses princes et princesses, déjà, avec ses dragons. Jusqu’au succès surprise de Kirikou, primé au festival d’Annecy en juin 1999. « Michel Ocelot n’a jamais rien fait dans
sa vie que dessiner, animer des images, et c’est quelqu’un qui, sans le chercher, a réussi à faire un blockbuster tout en restant lui-même, explique à 20 Minutes l’ancien directeur artistique du festival, Serge Bromberg, qui l’a sélectionné en 1999. Michel a réussi à rencontrer le public sans jamais transiger sur son style ou sur ses histoires. C’est ce qui fait sa force et sa personnalité.»
Dans le monde de l’animation, il y a eu un avant et un après Kirikou, qui a ouvert une voie à l’ensemble d’une profession jusque-là peu reconnue.
Le palmarès
Le festival d’Annecy s’est terminé samedi soir et les meilleurs films se sont logiquement retrouvés au palmarès. Alors, qui pour succéder en 2021 à Calamity ? Flee, un documentaire danois d’animation signé Jonas Poher Rasmussen, qui raconte l’odyssée d’un jeune réfugié afghan devenu un universitaire intégré à Copenhague. C’est ce film à la fois sobre et tranchant que le jury a tenu à saluer pour ses qualités d’animation, devant deux autres franches réussites :
Ma famille afghane, de la réalisatrice tchèque Michaela Pavlatova (prix du jury), et La Traversée, de la Française Florence Miailhe (mention du jury).