« Pour gagner, il faut prendre son ticket de loto »
À 34 ans, Pierre Rolland veut remporter une étape sur le Tour, qui débute samedi
Son visage s’affiche déjà en grand depuis quelques jours dans les rues de Brest, où sera donné le départ du Tour de France, samedi. Agrippé à un oreiller, Pierre Rolland se tape tranquillement une petite sieste sur la façade du siège social de B & B Hotels, sponsor de sa formation. Le coureur français a accepté de tailler le bout de gras avec 20 Minutes pour parler de ses ambitions et de la jeune génération qui a pris le pouvoir dans le peloton.
Dans quel état de forme abordez-vous le Tour ?
Les sensations sont plutôt bonnes, même si la préparation a encore été perturbée par le Covid-19, cette année. J’ai démarré ma saison avec deux mois de retard, car beaucoup de courses ont été annulées ou reportées. J’ai souvent le même calendrier d’année en année, donc là on perd forcément ses repères. Cela joue sur le physique et sur le mental. Et j’ai ensuite été deux fois cas contact, avec deux semaines de quarantaine à respecter. Je n’étais donc pas spécialement en avance dans ma préparation.
Quelles sont vos ambitions sur le Tour, qui commence samedi ?
L’objectif, c’est de gagner une étape, tout simplement. Cela fait longtemps, depuis 2017, que j’ai tiré un trait sur le classement général dans les grands Tours. J’ai fait 8e en 2012, où j’ai perdu beaucoup de temps dans les chronos, et 10e en 2011 et 2015. Maintenant, cela ne m’intéresse plus de faire 16e ou 18e, car c’est beaucoup d’investissement, pour des places qui restent anecdotiques. Après la 15e place, il n’y a plus personne qui regarde le classement.
Du coup, je fais exprès de perdre du temps maintenant pour ne pas être un danger pour les leadeurs du général et pouvoir me porter à l’avant.
D’ailleurs, un Tour sans attaque de Pierre Rolland ne serait pas vraiment le Tour...
C’est ma façon de courir et de voir le vélo. J’ai cette image de coureur très offensif, mais cela me fait rire plus qu’autre chose. Je préfère ça plutôt que de passer pour un coureur anonyme ou sur la réserve. À un moment, pour gagner, il faut prendre son ticket de loto et sortir la boule.
À 34 ans, quel regard portez-vous sur la jeune génération, avec les Pogacar, ou Evenepoel, qui a pris le pouvoir ?
Le cyclisme reste un sport de maturité. On le voit avec Valverde, qui est toujours très performant à plus de 40 ans. Mais c’est vrai que cette génération qui arrive est très très jeune et bouscule tous les codes. Ils nous font passer pour des dinosaures, alors qu’avant, à 34 ans, on était juste dans la force de l’âge. Ils sont en train de révolutionner le vélo, et c’est tant mieux. Ils sont jeunes et fun, c’est ce dont le vélo avait besoin.