Samir Guesmi tout en pudeur et en tendresse dans « Ibrahim »
Samir Guesmi n’est pas seulement un grand comédien vu notamment chez Solveig Anspach, Nicole Garcia ou encore Hafzia Herzi. Il révèle de belles qualités de cinéaste avec Ibrahim, son premier long-métrage présenté sous le label Cannes 2020, en salles à partir de ce mercredi. Samir Guesmi se dirige lui-même dans le rôletitre, celui d’un homme discret et digne, écailler dans un quartier parisien chic. Son fils adolescent, incarné par Abdel Bendaher, qui fait d’impressionnants débuts à l’écran, est sur le point de sombrer dans la délinquance. C’est un drame pour ce monsieur qui ne veut pas d’histoires, mais qui va devoir gérer la situation. « Tous mes personnages sont confrontés crûment à la dureté de la vie », précise Samir Guesmi. Pour autant, ce beau film n’a rien de misérabiliste pour décrire la vie de « petites gens » avec une pudeur remarquable.
Comme une caresse
Rien ne va plus entre un homme mûr qui tente d’inculquer de bonnes valeurs à son rejeton et ce dernier, prêt à déraper en suivant un camarade. Samir Guesmi décrit cela sans insister, en laissant ses personnages occuper doucement l’écran dans un Paris merveilleusement mis en lumière par la cheffe-opératrice Cécile Bozon. « Ce qui manque à mes personnages, ce ne sont pas des discours, mais une caresse sur le visage », insiste Samir Guesmi. La scène finale, bouleversante à plus d’un titre, remédie à ce déficit de tendresse. Elle est emblématique de l’humanité qui nimbe cette oeuvre révélant de belles qualités de mise en scène.